Innéité (GP)

Comment citer ?

Reynaud, Valentine (2016), «Innéité (GP)», dans Maxime Kristanek (dir.), l'Encyclopédie philosophique, consulté le ..., https://encyclo-philo.fr/inneite-gp

Publié en juillet 2016

 

Résumé

Le terme « innéité » et les distinctions « inné-acquis » ou « inné-appris » sont des expressions répandues du langage courant. Lorsqu’on dit d’une personne qu’elle a un sens « inné » ou un don « inné », on sous-entend par là qu’elle n’a eu besoin d’aucun apprentissage, d’aucun effort, ni d’aucune intervention extérieure pour manifester la compétence qui est la sienne. Celle-ci est alors vue comme intrinsèque à sa nature et comme devant s’exprimer nécessairement, à la manière d’un instinct. On considère souvent qu’une compétence « innée » (ou un handicap « inné ») relève d’un héritage familial. Ou bien le qualificatif « inné » souligne le caractère mystérieux de l’origine de certaines compétences (ou handicaps).

Le concept d’innéité est aussi présent dans l’histoire de la pensée et des sciences. Platon défend déjà une conception innéiste de la connaissance. A l’âge classique, Descartes et Leibniz proposent chacun une version de la théorie des idées innées (ou innéisme). De nombreuses disciplines scientifiques des XVIIIe et XIXe siècles (comme l’embryologie ou l’étude fonctionnelle du cerveau) se sont en outre intéressées de près à la part d’inné des organismes, par opposition à ce qui proviendrait de l’environnement. Au milieu du XXe siècle, cette question se retrouve au cœur de trois sciences naissantes (et qui connaîtront bientôt un essor sans précédent) : l’éthologie, la génétique et la linguistique, ce qui coïncide avec le retour de l’innéisme dans la pensée contemporaine (Forest, 2013).

Les théories innéistes des années 1960 développent des thèses concernant l’ontogenèse (le développement) et la phylogénèse (l’évolution) des individus, ouvrant ainsi un débat qui reste ouvert aujourd’hui. Selon l’éthologue Lorenz, une grande partie nos comportements sont instinctifs, prédéterminés et bénéfiques d’un point de vue évolutif. Selon la biologie moléculaire, l’individu est le résultat d’un programme inscrit dans les gènes et prescrit par l’hérédité (Jacob, 1970). Selon le linguiste Chomsky, il existe une faculté innée dédiée au langage et biologiquement déterminée. Selon d’autres psychologues et philosophes, tous les domaines cognitifs d’apprentissage sont gouvernés par des concepts, des principes et/ou des mécanismes innés. Il existe ainsi des universaux linguistiques et culturels qui nous permettent de définir une nature humaine par delà les relativismes.

Malgré son omniprésence, l’innéité est pourtant loin d’être une notion univoque : parce que toutes les compétences apparaissent au cours du développement de l’individu, elles semblent forcément acquises, voire apprises. Quel sens donc donner à l’innéité ? Sans définition claire de ce qu’est l’innéité, les thèses innéistes deviennent l’objet d’interprétations abusives, ainsi qu’elles l’ont été régulièrement au cours de l’histoire des idées : si une grande partie de nos comportements est instinctive, celle-ci est-elle pour autant parfaitement prédéterminée, stéréotypée et soumise à la sélection naturelle ? Si l’individu est génétiquement déterminé à être ce qu’il est, cela signifie-t-il qu’il existe des inégalités naturelles irrémédiables entre les individus ? Penser qu’une grande partie de nos compétences ont une base innée ne revient-il pas à négliger fortement l’importance de l’apprentissage, du contexte social, de l’éducation ? Est-il possible de formuler une définition de la nature humaine sans ouvrir la voie à un eugénisme d’amélioration de l’espèce humaine ? Comment justifier l’universalisme sans tomber dans l’ethnocentrisme ? etc.

1.Les différents usages de la notion d’innéité

a. Les ambiguïtés du sens commun

L’innéité est enracinée dans deux dichotomies du sens commun, l’inné-l’acquis et l’inné-l’appris, qui sont loin d’être claires. Ces distinctions sont fréquemment convoquées pour opposer ce qui relève de la « nature » à ce qui appartient à la « culture ». Dans l’imaginaire collectif, la « nature » est souvent associée à une force contraignante, irrépressible, qui dirige l’apparition des organes et détermine les caractères biologiques. Et la « culture » est perçue comme l’ensemble des capacités librement acquises, apprises et transmises. Cette vision est néanmoins caricaturale : loin de se réduire à une force contraignante, figée et déterminante, la nature est polymorphe et plastique. Les organismes et les espèces sont des états précaires et labiles de l’évolution. Quant à la culture, elle est elle-même un phénomène naturel en même temps que le résultat de l’évolution. Ainsi la démarcation entre nature et culture n’est-elle pas aussi nette. Les distinctions inné-acquis et inné-appris ne le sont pas davantage. La plupart des caractères observables que possèdent un individu et qui constituent son phénotype apparaissent au cours du développement de l’individu : ne sont-ils pas dès lors tous « acquis » ? Inversement, l’acquisition et même l’apprentissage ne nécessitent-ils pas toujours des capacités préexistantes et donc « innées » ? Le phénotype humain s’avère être tout autant le résultat combiné de l’inné et de l’acquis (ou de l’appris) que de la nature et de la culture.

b. L’usage polémique dans l’histoire des sciences

Que ce soit dans le sens commun ou dans l’histoire des sciences, la notion d’innéité véhicule une confusion entre le niveau des différences individuelles et le niveau des propriétés d’une espèce. Cette confusion peut sans doute en partie expliquer les abus et manipulations idéologiques dont le terme a été victime. Souvent assimilée à un ensemble d’idées évoquant le déterminisme, la fixité, l’hérédité, l’innéité a ainsi été le support d’amalgames et de thèses racistes et sexistes. Au XIXe siècle, le débat éthiquement douteux concernant l’hérédité de l’intelligence anime des pseudo-sciences telles que la craniométrie, la criminologie, la phrénologie ou encore la sociobiologie, qui militent toutes en faveur d’une inscription native de certains talents, handicaps ou penchants personnels. Il est alors possible, selon ces « sciences », de repérer à la naissance les génies et les criminels, ainsi que le pensaient des scientifiques tels que Gall et Galton. La phrénologie pratiquée par Gall visait à déceler les facultés intellectuelles et les penchants innés des hommes par la palpation des reliefs de leur crâne. De la même manière, les travaux de Galton en statistiques visaient à montrer que l’hérédité des aptitudes naturelles humaines est une cause majeure des différences individuelles et raciales et de la supériorité des hommes blancs sur les hommes noirs.

Un certain usage polémique de la notion d’innéité reste en vogue aujourd’hui lorsque par exemple est soulevée la question de l’innéité de l’homosexualité ou de la délinquance. Une partie de la psychologie évolutionniste apparue dans les années 1990 aux Etats-Unis apparaît comme un regain de ces pseudosciences révolues. Par exemple, selon Buss, les femmes ont développé dans l’évolution une préférence innée pour les hommes qui détiennent un haut statut social et qui sont ainsi en mesure d’apporter plus de ressources matérielles à leur descendance. Quant aux hommes, ils ont développé une préférence innée pour les femmes nubiles et qui montrent des signes évidents de fertilité comme « les lèvres pleines, la peau claire, les yeux clairs, les cheveux brillants, un bon tonus musculaire, une bonne répartition de la graisse » (Buss, 1999, p.139).

c. L’usage dans la philosophie et les sciences cognitives : la théorie des idées innées

L’idée que nous n’apprenons pas certaines choses mais que celles-ci appartiennent à notre nature intrinsèque remonte au Ménon de Platon et sera défendue par Descartes et Leibniz à l’âge classique qui proposent chacun une version de la théorie des idées innées (ou innéisme). Cette théorie pose l’existence d’idées inscrites dans l’esprit humain depuis sa création. Mais l’innéisme de la philosophie moderne reste dépendant d'un cadre de pensée métaphysique. Dans la pensée de Descartes, les idées innées sont implantées dans notre esprit par Dieu. Selon Leibniz, l’âme est innée à elle-même : elle a été créée comme contenant en son sein la série infinie des états qu'elle développera. Leibniz fait alors référence à la théorie du préformationnisme en vogue dans la biologie du XVIIIe siècle : l’embryogénèse s’explique par la présence d’un adulte en miniature dans l’œuf, déjà préformé, prédéterminé et donc entièrement « inné ».

La théorie des idées innées réémerge dans la pensée contemporaine, bien que sous une forme différente (non rattachée à une métaphysique) à partir des années 1950 grâce aux travaux du linguiste et philosophe Noam Chomsky. Les défenseurs contemporains de l’innéisme adoptent cette fois-ci une définition génétique de l'innéité. Certains pensent même que les capacités innées ont été recrutées par la sélection naturelle.

Chomsky pose l'existence d'une faculté innée de langage : il existe selon lui une grammaire universelle innée qui rend possible l’apprentissage des langues par tous les êtres humains. Très vite, l'hypothèse innéiste devient le paradigme dominant en philosophie des sciences cognitives. Jerry Fodor défend ainsi dès la fin des années 1960 l'innéité de la plupart de nos concepts : les termes théoriques dont nous nous servons pour classer les objets en catégories sont pour la majorité innés (il ne s’agit pas seulement des concepts abstraits comme le concept de vérite, mais également des concepts comme chien ou rouge). D'autres psychologues et philosophes affirment par la suite l'existence de connaissances ou mécanismes innés de base, prenant la forme de théories (dites «  naïves ») ou de « modules » portant sur différents domaines cognitifs comme la physique, les mathématiques, la biologie ou encore la psychologie. Selon eux, l’enfant possède des connaissances et mécanismes innés spécialisés très performants qui lui permettent de percevoir et dénombrer les objets du monde physique, d’anticiper leur comportement, de classer les êtres vivants ou d’attribuer des pensées à autrui.

2. Le problème de la définition de l’innéité

a. Un terme dispositionnel 

On trouve chez tous les innéistes (modernes et contemporains : Descartes, Leibniz, Chomsky, Fodor) une conception dispositionnelle de l’innéité : l’innéité caractérise une disposition présente dans l’individu depuis le départ, mais qui s’actualise grâce à l’interaction avec l’environnement au cours du développement. Aucun d’eux n’identifie purement et simplement l’innéité à la « présence à la naissance ». Cette identification, faite par les distinctions usuelles (inné-acquis ; inné-appris), revient à considérer innés seuls les rares traits possédés par l’individu dès le début de son existence. Or, les partisans de l’innéisme défendent l’idée que certaines capacités apparaissant ultérieurement dans le développement sont effectivement innées (comme le langage).

Le défenseur d’une théorie des idées innées se trouve dès lors face à un dilemme mis en évidence en premier lieu par Locke : soit les idées innées sont présentes dès la naissance et de fait il n’en existe pratiquement pas, soit les idées innées apparaissent au cours du développement de l’individu et alors elles peuvent toujours être considérées comme le résultat de l’acquisition ou de l’apprentissage. Il devient ainsi très difficile de les distinguer des idées non innées.

b. L’insuffisance de la génétique pour donner un sens à l’innéité

L’innéisme contemporain naît au moment même où la biologie moléculaire formule la métaphore du programme génétique dirigeant strictement, par ses instructions, le développement biologique. L’innéité renvoie dès lors, et ce de façon explicite, à la détermination ou la spécification génétique. Cependant, ces notions s’avèrent hautement problématiques.

Les biologistes contemporains soulignent en effet la nécessité d’une interaction entre les gènes et l’environnement pour le développement des traits phénotypiques. D’une part, tous les aspects du développement (apprentissage inclus) ne sont qu’une expression régulée du génome. D’autre part, toutes les étapes du développement requièrent l’intervention de l’environnement. En d’autres termes, la plupart des traits phénotypiques sont « déterminés » ou « spécifiés » dans les gènes tout autant qu’ils sont dépendants de l’environnement. En outre, ces dernières années, la biologie a mis en évidence l’importance des processus « épigénétiques » dans la production des phénotypes. Au sens large, le terme « épigénétique » désigne les interactions causales complexes entre les gènes, l’organisme et l’environnement requises pour produire un phénotype. Au sens plus étroit, ce terme désigne le contrôle de l’activité des gènes par des mécanismes moléculaires.

La relation entre génotype et phénotype est donc très complexe : l’expression des gènes est toujours dépendante de l’environnement et aussi de l’intervention d’autres gènes. Il est par conséquent faux et schématique de dire que les gènes codent, déterminent ou spécifient les comportements ou les fonctions cognitives.

c. Une définition est-elle donc impossible ?

Mameli et Bateson (2006) relèvent pas moins de vingt-six propriétés qui sont utilisées dans la littérature scientifique pour définir l’innéité. L’innéité est par exemple assimilée tantôt à l’invariance de l’apparition d’un trait dans le développement, tantôt à une adaptation biologique, tantôt à ce qui est possédé par tous les membres d’une espèce. Ces chercheurs montrent qu’aucune des définitions proposées n’est véritablement satisfaisante. De nombreuses définitions sont tout simplement fausses. Par exemple, il est erroné de dire qu’un trait inné est un trait « non acquis » car, on le sait, presque tous les traits sont acquis. De la même manière, les traits « possédés par tous les membres d’une espèce » ne sont pas forcément innés (comme le montre l’exemple de la lecture). Autre exemple : tous les traits innés ne peuvent être des « adaptations biologiques » : les maladies génétiques ne sauraient en effet être considérées comme des avantages dans l’évolution. Les autres définitions sont de même circulaires, c’est-à-dire qu’elles ont recours à des notions dont la définition requiert elle-même de savoir ce qu’est l’innéité. Par exemple, dire qu’un trait inné est un trait qui est « le fruit d’une maturation biologique » ne nous éclaire en rien. Autre exemple : dire qu’un trait inné est un trait « non appris » n’est pas probant si l’on définit « appris » par « non inné ».

3. Les trois conceptions contemporaines principales de l’innéité

a. La théorie des i-propriétés et l’éliminativisme

Soulignant les difficultés de la plupart des définitions de l'innéité, Mameli et Bateson proposent de renoncer à une définition complète de l'innéité au profit de la mise en évidence de propriétés que les traits innés ont tendance à posséder et qui sont souvent associées à l'innéité par les biologistes et les cognitivistes. Ces « i-propriétés » ne sont pas des conditions nécessaires pour l'innéité mais fournissent des preuves ou des indices - un support empirique - en faveur de l'innéité d'un trait. Elles regroupent des propriétés déjà évoquées comme l’adaptation biologique, l’invariance développementale, le non apprentissage ou l’universalité au sein d’une espèce.

Le philosophe Paul Griffiths affirme pour sa part qu’il faut tout simplement supprimer le concept d’innéité du vocabulaire scientifique. Ce concept est incapable, selon lui, de s’extraire des fausses idées portées par le sens commun dans lesquelles il se trouve irrémédiablement enferré. Certes, ce terme fait partie de la « biologie populaire », cet ensemble de catégories formées spontanément par l’esprit humain pour appréhender les êtres vivants. Mais il appartient à la science passée. La notion d’innéité est pré-darwinienne, et donc incompatible avec le monde vivant décrit par les biologistes contemporains : elle nous incite en effet à attribuer une essence immuable aux organismes et aux espèces alors qu’il n’existe rien de tel dans la nature pour la biologie contemporaine.

b. La théorie de l’innéité comme canalisation

Ariew redéfinit l’innéité comme la « canalisation » du développement biologique, c’est-à-dire comme l’invariance du développement d’un trait phénotypique qui se fait en dépit des fluctuations de l’environnement. Il faut néanmoins préciser que la canalisation ne se réduit pas à l’invariance de l’état final du développement. Un trait peut être « canalisé » lorsque les fluctuations de l’environnement « inscrivent » son développement dans un canal dans lequel il restera en dépit des variations environnementales ultérieures. Autrement dit, Ariew établit une distinction entre la canalisation de l’état final du développement – l’innéité spécifie la forme du résultat – et la canalisation du chemin que le développement emprunte – ce qui est inné dans ce cas-là est simplement un ensemble de procédures sans indication supplémentaire sur le résultat. Par exemple, on ne peut pas dire que le développement du phénotype de la reine des abeilles est canalisé vis-à-vis de la variation de nourriture puisqu’une larve devient une reine ou une ouvrière en fonction de la nourriture qu’elle ingère. Mais une fois la nourriture ingérée, le développement de l’un ou l’autre des phénotypes suit un chemin canalisé. Dans ce cas-là, la différence phénotypique n’est pas totalement innée puisque l’environnement (la nourriture) y joue un rôle crucial. Mais une fois que le développement a pris l’un des deux chemins menant à l’un des deux phénotypes, il est canalisé : il produit une reine ou une ouvrière. Aussi le phénotype n’est-il pas entièrement acquis non plus. Ariew propose alors de remplacer la dichotomie inné-acquis par une trichotomie : il existe trois profils différents de développement : la canalisation de l’état final (l’innéité), la canalisation du chemin développemental (l’activation) et l’acquisition.

c. La théorie de l’innéité comme primitivité psychologique.

C’est en biologie que l’innéité est opposée spécifiquement à l’acquisition alors qu’elle apparaît comme le contraire de l’apprentissage en psychologie. Il est vrai que les notions d’acquisition et d’apprentissage ne se recoupent pas totalement. Il est évident, par exemple, qu’un coup de soleil peut être dit « acquis » mais en aucun cas « appris ». Le philosophe Samuels propose alors d’opérer une partition qui place l'innéité du côté de la biologie, par opposition à l'apprentissage qui relève de la psychologie. Un trait est inné selon lui lorsqu’il est « primitif psychologiquement ». Un trait est « primitif psychologiquement » lorsqu’il est inexplicable par des processus cognitifs ou psychologiques (au sein d’une théorie psychologique considérée comme correcte) mais que son explication relève de la biologie. Samuels définit alors une conception de l’innéité qui ne s’applique qu’aux sciences cognitives.

Pour conclure, s’il existe plusieurs tentatives intéressantes dans la littérature scientifique pour donner un sens à l’innéité, les chercheurs n’ont pas véritablement trouvé de consensus. Il convient donc de rester prudent dans l’interprétation des discours qui utilisent ce concept.

Bibliographie

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Blitman, Delphine, Le langage est-il inné ? Presses universitaires de Franche Comté, 2015.Cet ouvrage propose un examen critique de la théorie de Chomsky en examinant le débat inné-acquis au sujet du langage.

Chomsky, Noam, Règles et représentations, trad. A. Khim, Paris, Flammarion, 1985.Dans ce livre, Chomsky présente son hypothèse innéiste selon laquelle l’esprit humain possède une grammaire universelle innée qui explique sa compétence langagière. Cette grammaire universelle innée est conçue comme un système fini de principes universels capable d'engendrer un ensemble infini de phrases, et un ensemble de paramètres que la rencontre avec l'environnement linguistique permet de fixer.

Cowie, Fiona, What’s Within? Nativism Reconsidered, Oxford, Oxford University Press, 1999.Dans cet ouvrage, la philosophe Fiona Cowie propose une critique de l’innéisme contemporain.

Descartes, René, Œuvres, Charles Adam and Paul Tannery (dir.), Léopold Cerf, 1897-1913.La théorie cartésienne des idées innées est présente dans plusieurs textes (et notamment dans les Méditations métaphysiques). La conception dispositionnelle de l’innéité se trouve présentée de la façon la plus explicite dans les Notae in programma quoddam (AT VIII 2).

Fodor, Jerry, Concepts; Where cognitive science went wrong. Oxford, Oxford University Press, 1998.Dans ce livre, Fodor présente sa conception des concepts et en particulier sa position innéiste : pour lui, la plupart des concepts que nous possédons sont innés.

Forest, Denis, (dir.), L’innéité aujourd’hui, pp. 5-23, Les éditions matériologiques, 2013.Cet ouvrage rassemble plusieurs articles qui font état des débats contemporains sur l’innéité.

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Griffiths, Paul, Machery, Edouard, & Linquist, Stefan, « The vernacular concept of innateness ». Mind & Language, 24(5), pp. 605-630, 2009.Dans ces articles, les auteurs militent en faveur de la suppression du concept d’innéité du vocabulaire scientifique.

Lehrman, Daniel, « A critique of konrad Lorenz’s theory of instinctive behavior », The Quarterly Review of Biology, 28(4), pp. 337-363, 1953.Dans cet article célèbre, le psychologue et éthologue Lehrman émet une critique virulente à l’égard de la théorie des instincts innés de Konrad Lorenz (présentée par exemple dans Lorenz, Konrad, Evolution and modification of behavior, Chicago, University of Chicago Press, 1965.). Il montre le caractère inadéquat du concept d’innéité.

Leibniz, Gottfried, Monadologie, Le livre de Poche, Classiques de la philosophie, Edition critique établie par Emile Boutroux, 1991, 1720.

Leibniz, Gottfried, Nouveaux essais sur l’entendement humain, Paris, Garnier-Flammarion, introduction et notes par J. Brunschwig, 1990, 1765.On trouve dans ces deux textes de Leibniz une présentation complète de sa théorie des idées innées : la Monadologie la présente d’un point de vue métaphysique tandis que les Nouveaux essais l’exprime selon le langage du sens commun.

Locke, John, Essai sur l’entendement humain, Vrin, trad. J.M. Vienne, 2001, 1690.Dans les livres I et II de cet ouvrage, Locke formule une critique célèbre à l’égard de l’innéisme.

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Mameli, Matteo, & Bateson, Peter, « The innate and the acquired : useful clusters or a residual distinction form folk biology? », Developmental Psychology, 2007.Dans ces deux articles, Mameli et Bateson font une critique systématique de toutes les définitions de l’innéité présentes dans la littérature scientifique. Ils proposent leur théorie des i-propriétés.

Morange, Michel, « Quelle place pour l’épigénétique ? » Médecine/science 21, pp. 367-9, 2005.Ce petit article fait le point sur le sens de l’« épigénétique ».

Oyama, Susan, The Ontogeny of Information, Cambridge, Cambridge University Press, 1985.Cet ouvrage est une défense de la théorie des systèmes développementaux. Cette théorie met en évidence la multitude des ressources développementales requises pour le développement des phénotypes et s’oppose ainsi aux distinctions gène/environnement, inné/acquis, nature/culture qu’elle juge schématiques.

Pinker, Steven, The Language Instinct: How the Mind Creates Language, New York, Harper Collins, 1994.Cet ouvrage écrit par un psychologue et linguiste défend l’idée que le langage est inné comme l’est un instinct et qu’il a été sélectionné pour ses avantages adaptatifs.

Reynaud, Valentine, L’Innéité des facultés de l’esprit. Repenser l’innéité comme condition du développement, thèse de l’Université Jean-Moulin Lyon 3, 2011.Cette thèse explore les différentes théories innéistes ainsi que les différents sens de la notion d’innéité. Elle propose une théorie de l’innéité comme résidu de l’explication développementale.

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Stich, Steven (dir.), Innate Ideas, University of California Press, pp. 1-22, 1975.Cet ouvrage rassemble plusieurs articles sur les idées innées. L’article de Stich lui-même propose d’approfondir la théorie dispositionnelle de l’innéité.

Valentine Reynaud

valentine.reynaud@gmail.com

IRPHIL (Institut de Recherches Philosophiques de Lyon)