Positivisme logique (GP)
Comment citer ?
Ouelbani, Mélika (2016), «Positivisme logique (GP)», dans Maxime Kristanek (dir.), l'Encyclopédie philosophique, consulté le ..., https://encyclo-philo.fr/positivisme-logique-gp
Publié en mai 2016
Résumé
Le Positivisme logique, appelé encore néopositivisme est né à Vienne au début du vingtième siècle et a vécu une période faste dans sa première moitié avec Moritz Schlick (1882-1936) à sa tête. Il représente un des principaux mouvements qui ont contribué à donner un nouveau visage à la philosophie contemporaine en la dotant notamment d’une méthode scientifique. Sa spécificité a été de concilier empirisme et logique sous l’influence de Frege, Russell et Wittgenstein.
1. Historique
a. Pourquoi ce mouvement est-il né à Vienne ?
A partir de 1907 environ, des hommes de science, tels que le sociologue et économiste Otto Neurath (1882-1945), le mathématicien, Hans Hahn (1879-1934), et le physicien Philipp Franck (1884-1966) ont créé un cercle et se réunissaient périodiquement afin de discuter politique, mais surtout de questions épistémologiques de l’époque sur le conventionnalisme de Poincaré et de Duhem, l’axiomatique en mathématiques ou encore les fondements des mathématiques. Ces mêmes savants se sont retrouvés dans le cercle agrandi réuni autour de philosophe-physicien, Moritz Schlick, rejoint par le physicien Rudolf Carnap (1891-1970), le mathématicien Kurt Gödel (1906-1978), le mathématicien et physicien Friedrich Waismann (1896-1959), le philosophe Viktor Kraft (1880-1975) le sociologue Edgar Zilsel (1891-1944) etc…. Ils se réunissaient tous les jeudi soir à l’Institut du Cercle de Vienne.
Ce n’est pas un hasard si une telle activité est née à Vienne et qu’elle y ait pris ses racines. En effet, depuis 1895, l’université de Vienne était connue pour sa tradition empiriste et son intérêt pour la théorie de la connaissance, dont la première chaire fut occupée par le physicien Ernst Mach (1838-1916), sous l’appellation de Histoire et théorie des sciences inductives. Le physicien Ludwig Boltzmann (1844-1906) et Schlick s’y succédèrent à partir de 1901. Vienne, où la philosophie des Lumières était bien ancrée sur le plan intellectuel et le libéralisme développé sur le plan politique, était un endroit propice au développement d’une pensée antimétaphysique.
Si les membres de ce groupe avaient une formation hétérogène, en revanche ce qui les caractérisait c’était le fait qu’ils étaient tous des scientifiques-philosophes ; ce qui ne pouvait que donner naissance à une nouvelle méthode en philosophie.
b. Les antécédents du positivisme logique
L’école néopositiviste se situe dans le sillage du logicisme de Frege et Russell qui eurent pour projet de fonder logiquement les mathématiques. Ce qui les amena à réfléchir sur le langage en général. Frege inaugura cette réflexion à la fin du 19ème à partir de la question de l’identité mathématique. Il insista sur l’idée que celle-ci ne porte pas sur le signe en lui-même mais plutôt sur ce qu’il signifie, c’est-à-dire l’objet auquel il renvoie. Son article de 1892 (Sens et dénotation) établit la distinction entre le sens et la dénotation des signes. Tout signe doit être compris et avoir un sens qui n’est pas subjectif et qui doit, en principe, renvoyer à sa dénotation (ou référent) qui est l’objet qui y correspond. Il devient alors clair que pour comprendre un langage, il suffit de l’analyser puisque le sens et la valeur de vérité de chaque proposition est fonction de du sens et de la dénotation de ses constituants. En clair, cela signifie que pour comprendre un énoncé, il faut comprendre chacune des ses parties et pour lui attribuer une valeur de vérité, il faut savoir de quels objets on parle.
Cette même orientation fut adoptée par Russell et Wittgenstein dans le Tractatus, le premier l’appliquant à la théorie de la connaissance et le second au langage en général et ce, au sein de leur philosophie de l’atomisme logique. Toutefois, Russell aussi bien que Wittgenstein sont beaucoup plus intransigeants que Frege, puisqu’ils conçoivent clairement le sens de nos propositions comme étant tributaires de la référence des noms qui les composent. Ce qui implique que tout discours n’ayant pas de rapport avec le réel empirique, avec les objets qui le constituent ne sauraient même pas avoir de sens. Cette philosophie établit un rapport entre le langage et le réel de telle façon que ce dernier peut être parfaitement représenté par le premier. Ce courant a pour conséquence le fait que la philosophie prenne ses distances par rapport à toute forme de spéculation et à adopter une méthode scientifique grâce à l’outil de l’analyse et grâce au fait que son objet ne puisse être que le langage, étant donné que c’est « aux autres sciences d’examiner la vérité ou la fausseté des hypothèses de leurs inférences » (Russell, 1971, 64). Donc l’atomisme logique a transposé la méthode d’analyse qui a réussi en mathématiques au domaine de la théorie de la connaissance et de la philosophie.
A part cette influence logiciste concernant la méthode, ce mouvement est également empiriste, inspiré de Hume et de Mach. C’est cette association de la logique à l’empirisme qui en fait un néo-empirisme.
2. Le projet néopositiviste
C’est dans un manifeste intitulé La conception scientifique du monde – Le Cercle de Vienne, co-rédigé par Carnap, Hahn et Neurath en 1929 que les néopositivistes tracent les grandes lignes de leur projet et font vraiment connaître leur mouvement au public.
Un groupe aussi hétérogène ne pouvait que susciter des discussions passionnantes et passionnées. Mais il est évident que pour se réunir aussi fréquemment et régulièrement, les protagonistes devaient partager au moins une attitude, qui réside dans ce qu’on peut appeler « une attitude spécifiquement scientifique » et qui explique le fait qu’ils aient choisi pour emblème une partie du dernier aphorisme du Tractatus de Wittgenstein, à savoir que « ce qui se laisse dire se laisse dire clairement ».
Cet emblème est une déclaration de guerre contre toute spéculation et à cause de cette attitude anti-spéculative, un des préjugés les plus répandus consiste à voir dans l’école néopositiviste le fossoyeur de la philosophie. Pourtant, comme le fait remarquer Schlick, les empiristes logiques n’ont pas l’exclusivité de la critique de la métaphysique. Celle-ci avait déjà connu bien d’autres assauts auparavant, certainement moins poignants du fait que l’outil logique leur faisait encore défaut.
a. Qu’est-ce que la philosophie ?
Il faut toujours garder en mémoire l’idée que la philosophie est en rapport avec le langage et non les objets, qui sont du ressort de la science. Elle doit donc cesser de se considérer comme étant une connaissance, de se confondre avec la science et de croire qu’elle peut donner des informations. Elle n’est donc pas un langage, « un système de propositions ».
Cette conception de la philosophie est thérapeutique avant la lettre, puisque les néopositivistes parlaient déjà de « maladie du langage » conformément à la démarche de Wittgenstein. Selon Schlick, « le but de la philosophie est la clarification logique des pensées. La philosophie n’est pas une théorie mais une activité. Une œuvre philosophique se compose essentiellement d’éclaircissements. Le résultat de la philosophie n’est pas de produire des ‘propositions philosophiques’, mais de rendre claires les propositions. La philosophie doit rendre claires, et nettement délimitées, les propositions qui autrement sont, pour ainsi dire, troubles et confuses » (1979, 171).
b. Les critères du sens sont-ils empiristes ?
Pour avoir un sens et être digne d’intérêt, une proposition doit remplir deux conditions :
-Les mots qui la composent doivent d’abord avoir une signification et
-ces mots sont ensuite connectés et organisés, selon le respect des règles de la syntaxe.
Mais, bien que nécessaires, ces deux conditions ne sont pas suffisantes, sinon un énoncé tel que « César est identique » ou encore « le pantalon mange un gâteau» seraient sensés puisque les deux conditions énoncées plus haut sont remplies. Il est donc essentiel de ne pas mélanger les sphères de notre réel pour ne pas tomber dans l’absurde .
-En réalité, chaque mot doit avoir une signification dans un contexte donné. Dans son célèbre article « Le dépassement de la métaphysique par l’analyse logique du langage », Carnap explique que si les énoncés de la métaphysique n’ont pas de sens, cela s’explique par le fait que des concepts ont été utilisés sans qu’une définition correspondant à leur nouvel usage, lequel n’est pas l’usage quotidien ou empirique, ait été précisée au préalable. Il prend comme exemple le terme « principe », très utilisé en métaphysique, bien qu’il n’ait pas une véritable signification, car celle-ci ne peut être donnée que si on peut répondre à la question suivante : « A quelles conditions un énoncé de la forme ‘x est le principe de y’ est vrai et à quelles conditions, faux ? ». Ce que les métaphysiciens sont manifestement incapables de faire, et, à l’image de bien d’autres, n’ayant plus sa définition d’origine, ce terme « n’est plus qu’une coque vide ».
Le mot « Dieu » eut par exemple un emploi mythologique désignant un être corporel ou animé-spirituel se manifestant concrètement. En revanche, dans son emploi métaphysique, il désigne quelque chose de « supra-sensible » il ne remplit même pas la première condition du sens qui est de trouver un objet que l’on pourrait substituer à « x est Dieu ». Aucun mot ne peut avoir une signification, si aucune procédure pour le vérifier n’a été indiquée. Les énoncés qui sont composés de tels termes, lesquels sont des pseudo-concepts, plutôt que de véritables concepts, sont eux-mêmes des pseudo-propositions.
A cette « carence » s’ajoute souvent également le non-respect de la syntaxe du langage. Les exemples abondent pour l’illustrer, tels que l’utilisation du mot « être » en tant que forme verbale et donc prédicative, comme c’est le cas chez Descartes, Hegel ou Heidegger.
Ainsi, la vérifiabilité n’est pas la vérification. Le sens d’une proposition réside clairement dans le fait, comme c’était le cas dans le Tractatus, qu’elle exprime un état de choses « concevable et pas nécessairement existant ». Par ailleurs, la vérifiabilité et donc le sens ne sont pas forcément attribués directement aux énoncés. Tout concept peut être défini verbalement, c’est-à-dire par rapport à d’autres qui ont un rapport direct avec l’empirique. C’est ce qui permet de comprendre la méthode adoptée pour réaliser le projet d’unité de la science.
3. L’unité de la science et la conception scientifique du monde
À côté, ou peut-être, en amont de la critique de la philosophie spéculative, les néopositivistes avaient un but positif et constructif, lequel consistait dans la possibilité de formuler un langage scientifique commun. Ce projet est en effet, primordial, et consiste en la croyance qu’un langage qui donne satisfaction dans une science quelconque peut tout à fait servir pour les autres sciences et il devient inutile de changer de langage lorsqu’on passe d’une science à l’autre. En effet, les néopositivistes concevaient la science comme établissant des liens entre les différentes vérités. D’où la possibilité d’une unité systématique de la science.
Carnap était un des premiers à présenter une méthode pouvant permettre de réaliser ce système de toutes les sciences dans un ouvrage, assez difficile d’accès, La construction logique du monde, publié en 1928. Il ne s’y agit pas d’une logique de la découverte scientifique, mais d’une justification rationnelle de la connaissance à travers un fondement commun à toutes les sciences, sous la forme d’un système dont la métaphysique sera exclue d’office. Ce projet est commun aux néopositivistes même leurs manières de le réaliser étaient différentes.
a. En quoi consiste la méthode proposée par Carnap ?
Carnap a voulu présenter une méthode pour réaliser un système de tous les objets ou concepts de la science en ce sens que parler d’objets ou de concepts revient au même car un concept sans objet est un pseudo-concept. Par ailleurs, ce n’est que dans la proposition qu’un nom peut signifier. Par conséquent, il s’agira de montrer la possibilité de réduire les propositions d’une science à celles d’une autre, l’opération se répétant jusqu’à ce qu’on aboutisse à l’idée qu’indirectement tous les énoncés ont une même base.
Le réel est composé de différentes sphères qu’il s’agira de relier les unes aux autres. Carnap distingue quatre catégories d’objets appartenant donc au même réel : auto-psychiques (perceptifs), physiques, psychologiques et sociaux (relatifs aux sciences humaines, ce qui correspond à ce que les Allemands appellent Geisteswissenschaft).
Le langage qui constituera la base du système de toutes les sciences est le résultat d’un simple choix, qui peut donc être différent. Deux grandes possibilités avec des variantes au sein de chacune ont été envisagées : un langage physicaliste et un langage phénoménaliste. Ce dernier a été au départ le choix de Carnap pour des raisons de simplicité et parce que la connaissance commence toujours par l’expérience. Il lui préférera par la suite le physicalisme, mais cela n’a aucune répercussion sur son projet. En effet, il s’agit finalement de traduire toutes les propositions de la science dans un langage choisi pour être le langage de La science.
La méthode empruntée pour réaliser cette traduction est réductive. C’est ainsi qu’un énoncé sur un phénomène social peut être traduit en énoncés sur le comportement d’un groupe, c’est-à-dire en un énoncé utilisant des concepts psychologiques. Etant des énoncés sur le comportement, ceux-ci, peuvent être traduits en énoncés descriptifs c’est-à-dire physiques, lesquels en tant que résultat de l’observation, sont traduits en énoncés perceptifs. Ces derniers deviennent ainsi la base du système des sciences.
Le néopositivisme ne fait pas la distinction classique entre les sciences de la matière et les sciences de l’esprit qui dominait avec Dilthey et son fameux adage : nous expliquons la nature et nous comprenons l’homme. La distinction concerne plutôt les sciences formelles, c’est-à-dire logiques et mathématiques d’une part et les sciences matérielles, physiques et humaines, d’autre part. Elle se traduit par la distinction entre deux types d'énoncés : les énoncés synthétiques a posteriori qui représentent les énoncés empiriques du type « Le ciel est bleu » et les énoncés analytiques qui sont les énoncés formels du type (P & ~ P), c’est-à-dire que la conjonction de p et non p est toujours fausse quelque soit p. Ces derniers ne font donc pas partie du système de la science. Quant au synthétique a priori kantien, qui constitue en particulier les énoncés spéculatifs, il n’a donc plus droit de cité. Un énoncé synthétique a priori affirme sans aucun contrôle possible un prédicat d’un sujet, tel que « L’âme est mortel ».
b. Le positivisme logique est empiriste et réductionniste
Le principe de vérification ou plus exactement le principe de vérifiabilité n’a rien de naïf, il concerne plus exactement le langage qui doit être empirique, c’est-à-dire composé de noms nommant ou supposés nommer des objets. De plus, la possibilité de vérifier n’est pas directement reliée au réel et se fait plutôt d’une manière indirecte par l’intermédiaire du langage. La méthode réductionniste, qui est une méthode logique, laquelle contrairement à la déduction va du plus complexe au plus simple, montre justement comment il est possible de traduire des énoncés dans un autre langage qui serait relié à l’empirique.
C’est ainsi, que même si les néopositivistes s’intéressèrent, certes, plus aux sciences qu’à l’éthique, ce déséquilibre s’expliquant aisément par le fait que la plupart d’entre eux étaient des scientifiques, des énoncés dits non scientifiques, tels que ceux de l’éthique, par exemple, ne furent pas exclus de leur intérêt. Schlick lui-même refuse que la philosophie puisse être définie comme logique de la science. Il écrit que leurs « efforts portent aussi bien sur les questions de l’éthique que sur celles des mathématiques, aussi bien sur les énoncés douteux de la vie que sur ceux de la science… si le mot ‘logique’ peut être à sa place, il n’est pas permis d’ajouter le terme de ‘science’ pour en limiter la compréhension, comme si les questions de la vie quotidienne n’étaient pas accessibles et dignes d’un traitement philosophique » (1937,107). L’école néopositiviste a présenté deux options possibles à une réflexion sur l’éthique : soit une éthique empirique, telle qu’elle est développée par Schlick dans son livre Questions d’éthique (Fragen der Ethik), soit une méta-éthique, telle que l’ont développée Carnap, Reichenbach et Ayer. Il est donc possible de traiter n’importe quel sujet par le biais du langage qui s’y rapporte.
4. Qu’est-ce qu’on entend par positiviste ?
Le terme de positivisme est utilisé, aussi bien pour désigner la philosophie d’Auguste Comte que celle des positivistes logiques. Pourtant, malgré cette appellation commune, les néopositivistes ne se réclament pas du Comtisme ; bien au contraire, lorsqu’ils évoquent Comte c’est pour s’en distinguer avec vigueur. Ils avaient proposé différentes appellations, telles que Néo-positivisme ou Néo-empirisme ou encore Positivisme logique, Schlick, lui-même, trouvait que la désignation de « consistent empiricism » était beaucoup plus appropriée à leur tendance dite positiviste . D’autres appellations telles que Conception scientifique du monde, Positivisme logique, Conceptions du Cercle de Vienne -ou encore Physicalisme avaient été proposées également. Aucune de ces appellations n’avait fait l’unanimité et l’ironie de l’histoire a fait que les plus répandues soient les moins appréciées : Positivisme logique et Néopositivisme.
Il est certain que Comte avait combattu toute forme de métaphysique et de théologie, en vue de l’adoption d’une méthode ou d’une attitude positive. Il était également empiriste dans le sens que seul l’intérêt exclusif pour ce qui est observable peut éviter tout dérapage intellectuel. Il avait également œuvré pour une systématisation de la science dans un travail considérable. Ainsi, pour lui le refus de toute spéculation débouche sur une unification des sciences, en rapport avec une nouvelle conception de la philosophie positive, qui n’est pas une science. Il oppose l’esprit positif à la métaphysique et à la théologie. Jusque là, l’accord entre le comtisme et le positivisme logique semble quasi parfait.
Toutefois, alors que ce programme d’unifier les sciences a pour but essentiel, pour les positivistes modernes, de remplacer la conception traditionnelle du monde par une conception scientifique du monde, et ce, sous la forme d’une systématisation langagière des sciences, Comte envisage, en revanche, une systématisation non réductionniste des sciences à une fin pédagogique et propédeutique, débouchant sur une organisation de la vie politique, sociale et morale. Cette tâche se trouvera accomplie dans le passage de la philosophie positive à ce qu’il appellera proprement le positivisme et qui sera associé à un dogmatisme inacceptable par les néopositivistes, Comte étant allé jusqu’à publier un catéchisme positiviste. Ce qui va à l’encontre des néopositivistes pour qui il n’y a aucune doctrine à laquelle ils adhéreraient, mais un esprit permettant à la philosophie d’assurer son véritable rôle de critique, d’analyse et d’argumentation en s’interdisant toute sorte de concurrence avec la science. Le positivisme logique a donné une nouvelle impulsion à la philosophie de l’avis de ses détracteurs mêmes, tel que Popper, selon lequel « nous sommes tous devenus plus attentifs à ce que nous disons et à la manière dont nous nous exprimons ». Même si le projet d’unifier les sciences a été abandonné et que le groupe s'est éparpillé pendant la seconde guerre, son influence n’en a été que plus étendue en posant les jalons d’une grande partie de la philosophie contemporaine.
Bibliographie
Nous avons choisi les textes les plus accessibles parmi une très grande quantité d’ouvrages et surtout d’articles de néopositivistes dans leur traduction française ou anglaise. La date de la première parution de l’ouvrage est mise entre parenthèses.
Russell Bertrand, La méthode scientifique en philosophie, Paris, Payot, 1971 [1914]Il s’agit d’un recueil de huit conférences qui permettent de comprendre ce que l’auteur entend par l’utilisation de la méthode analytique en philosophie. C’est d’ailleurs dans la deuxième conférence que le concept de philosophie scientifique est bien expliqué.
Wittgenstein Ludwig, Tractatus logico-philosophicus, trad. G.G. Granger, Paris, Gallimard, 1993 [1921]Ce texte (assez difficile) a constitué « la bible » du positivisme logique, puisqu’il a été commenté aphorisme par aphorisme lors des réunions du jeudi. La conception du sens développée par l’auteur a influencé cette école au plus haut point, même si Wittgenstein n’en a jamais fait partie.
Hahn Hans, Neurath Otto, Carnap Rudolf, La conception scientifique du monde – le Cercle de Vienne, in Manifeste du Cercle de Vienne et autres écrits, 2ème Ed., PUF, 2010 [1929]Ce texte explique très clairement le programme du Cercle de Vienne : dépasser la métaphysique et réaliser une science unitaire en tant que conception scientifique du monde.
Schlick Moritz, L’école de Vienne et la philosophie traditionnelle, In: Actualités scientifiques et industrielles, T. IV, Paris, Hermann, 1937.Cet article clarifie la position des empiristes logiques face à la métaphysique en précisant qu’ils n’ont pas l’exclusivité de la critique de la métaphysique, ainsi que la spécificité de leur méthode à cet effet.
Schlick Moritz, Le tournant de la philosophie, Trad. Chapuis-Schmitz D., in Philosophie des sciences, T1, S/d Laugier S. et Wagner P., Paris, Vrin 2004 [1930]Ce texte définit la philosophie par rapport aux sciences et résout le paradoxe qui consiste dans le fait que la philosophie est scientifique sans être une science.
Schlick Moritz, The futur of philosophy, in Philosophical papers, II, Dordrecht-Boston-London, 1979 [1930]Le rôle de la philosophie est explicité davantage, en ce sens que l’auteur corrige l’idée que l’analyse logique ne puisse être appliquée qu’aux sciences.
Carnap Rudolf, le dépassement de la métaphysique par l’analyse logique du langage, In : Manifeste du Cercle de Vienne et autres écrits, 2ème Ed., PUF, 2010 [1931]La manière dont la métaphysique est critiquée, ainsi que les raisons de son rejet sont explicitées par les auteurs grâce à des exemples pris dans l’histoire de la philosophie.
Carnap Rudolf, De la théorie de la connaissance à la logique de la science, Trad. Wagner Pierre, in L’âge d’or de l empirisme logique, S/d Bonnet Christian et Wagner Pierre Paris, Gallimard, 2006 [1936]Cet article trace l’avènement de l’empirisme logique et son achèvement dans la logique de la science. Il permet de comprendre les différences avec la manière dont Comte explique l’émergence du positivisme et de sa philosophie positive.
Ouelbani Mélika, Le Cercle de Vienne, Paris, PUF, 2006Cet ouvrage, facile à lire, présente les thèses du positivisme logique ainsi que les sources logicistes et empiriques qui en sont à l’origine. Il analyse les concepts essentiels à la compréhension du projet néopositiviste et traite des conflits ayant opposé Neurath à Carnap. Un chapitre y est consacré à Schlick et à sa conception de la connaissance.
Stadler Friedrich, The Vienna Circle: Studies in the origins, Development, and influence of Logical Empiricism, Springer Wien-New York, 2001Cet ouvrage sur le Cercle de Vienne est complet. Il en trace la naissance et le développement tout en le situant dans la culture, la science et la philosophie de l’époque. Il en rappelle les différents congrès organisés en Europe et aux Etats-Unis. Dans la seconde partie une biographie des principaux membres du Cercle est présentée ; ce qui nous permet de voir les relations qu’ils ont pu avoir entre eux.
Mélika Ouelbani
Université de Tunis et Université Paris IV Sorbonne