Justice climatique (A)
Comment citer ?
André, Pierre; Bourban, Michel; Voiron, Ilias (2025), «Justice climatique (A)», dans Maxime Kristanek (dir.), l'Encyclopédie philosophique, consulté le ..., https://encyclo-philo.fr/
Résumé
Les théories de la justice climatique sont apparues au début des années 1990 avec les premières tentatives de coordination internationale dans la lutte contre le réchauffement planétaire. Elles s’intéressent notamment aux raisons de limiter l'ampleur du changement climatique et de limiter ou remédier à ses effets nuisibles, ainsi qu'aux principes qui doivent guider le partage équitable des droits et efforts qui y sont liés. Si ces théories se sont d’abord et surtout concentrées sur la question du juste partage des droits d’émission et des coûts de l’atténuation du changement climatique entre les États, elles prennent de plus en plus la mesure des limites d’une approche uniquement focalisée sur l’échelle internationale et interrogent désormais aussi les responsabilités d’autres agents comme les individus et les entreprises. Dans cette entrée, nous commençons par montrer la spécificité et la nécessité d’une problématisation du changement climatique à travers le prisme de la justice distributive, par contraste avec certaines approches économiques qui n’y voient qu’un échec à maximiser le bien-être agrégé ou à allouer les ressources de manière optimale. Nous analysons ensuite les principes élaborés par les philosophes pour répartir équitablement les responsabilités climatiques entre les États, par exemple en fonction de leurs contributions aux émissions de gaz à effet de serre ou de leurs capacités respectives. Enfin, nous mettons en évidence les difficultés structurelles et motivationnelles, notamment en raison de la dimension intergénérationnelle du problème climatique, qui font obstacle à la mise en œuvre d’une action collective efficace. Prenant acte de l’obéissance (au mieux) partielle des États à leurs devoirs de justice climatique dans notre monde « non idéal », nous interrogeons les obligations climatiques d’autres types d’acteurs comme les individus et les entreprises.
Contents
- Introduction
- Comment définir un changement climatique « dangereux » ?
- Comment partager équitablement les devoirs climatiques ?
- La justice climatique dans un monde non idéal
- Conclusion
- Références
Introduction
Le changement climatique n’est pas qu’un problème scientifique, politique ou économique dans un sens strictement technique. C’est également un problème normatif et le terrain d’injustices d’une ampleur et d’une nature inédites, à la croisée entre la justice mondiale, la justice intergénérationnelle et la justice écologique. À ce titre, la réflexion en éthique et philosophie politique est essentielle pour interroger les présupposés et implications normatifs des politiques climatiques.
Afin de préciser le cadre conceptuel dans lequel la justice climatique s’inscrit, il convient d’emblée de la distinguer de trois autres champs de recherche connexes, mais distincts. Tout d’abord, même si on peut faire remonter la généalogie de la justice climatique à la justice environnementale (Schlosberg et Collins 2014), la première diffère de la seconde en ce qu’elle traite le changement climatique sinon comme un problème indépendant, à tout le moins comme un problème qui mérite un traitement spécifique de par les questions qu’il soulève. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas chercher à discerner les convergences et les lignes de fractures potentielles entre les politiques climatiques et d’autres politiques environnementales, par exemple les politiques de conservation de la biodiversité. Néanmoins, penser l’interaction entre divers problèmes suppose dans un premier temps de les analyser isolément, dans leur spécificité. De ce point de vue, il convient de relever que, tandis que la justice climatique traite d’un problème d’ampleur essentiellement mondiale et intergénérationnelle, à l’origine la justice environnementale traite, quant à elle, de problèmes locaux ou nationaux comme la pollution des sols, de l’air et de l’eau ou la gestion des déchets. Aux États-Unis particulièrement, des sociologues comme Bullard (1990) ont analysé la prégnance des inégalités sociales et raciales (voire d’un « racisme environnemental ») dans l’exposition des personnes et des divers groupes sociaux et ethniques à diverses pollutions comme celles émanant des décharges et des sites de traitement de déchets industriels. Si certains aspects du changement climatique, comme la vulnérabilité aux événements climatiques extrêmes, obéissent au même genre de dynamiques (Klinenberg 1999), la justice climatique se distingue par le caractère résolument mondial et intergénérationnel de son objet.
La littérature sur la justice climatique contraste également avec celle de l’écologie politique, champ de recherche international avec une forte implantation française. Certes, ces deux courants mettent en évidence différentes formes d’inégalités, voire de domination, relatives à l’environnement. Ils diffèrent toutefois grandement dans leurs approches. D’un côté, l’écologie politique désigne un champ de recherche – mais aussi de militantisme – très éclectique, tant en termes de disciplines, de méthodes, d’ancrages théoriques et de sujets d’étude, mais qui reste centré sur l’observation empirique (Bryant 2015). De l’autre, la justice climatique, comme champ de recherche philosophique plus classiquement universitaire et unifié en termes de méthode, est caractérisé par une réflexion de type normatif portant spécifiquement sur le changement climatique. Tandis que l’écologie politique prend généralement comme point de départ les mouvements sociaux concrets, la justice climatique cherche avant tout à mettre en cohérence des principes éthiques abstraits avec nos intuitions morales les plus communément partagées face au changement climatique. Les deux démarches ne sont cependant pas nécessairement contradictoires et peuvent même être complémentaires.
Enfin, la justice climatique s’est largement développée en parallèle des théories de la démocratie et de la citoyenneté. Les questions de justice participative (ou procédurale) sont bien entendu importantes pour penser la justice climatique dans le cadre des processus de prise de décision des politiques climatiques, notamment concernant la prise en compte des voix des plus vulnérables, allant des peuples autochtones aux personnes futures (Schlosberg et Collins 2014). La littérature philosophique sur la justice climatique s’est toutefois essentiellement structurée autour des questions de justice rectificative et distributive (voir section 2). De même, bien que les notions de citoyenneté écologique et cosmopolitique puissent éclairer les débats autour de la responsabilité individuelle de contribuer à la lutte contre le changement climatique (voir section 3), les théoriciens de la justice climatique se sont encore peu inspirés des théories de la citoyenneté.
Les relations de convergence et de tension entre justice climatique d’une part, et justice environnementale, écologie politique, et théories de la démocratie et de la citoyenneté d’autre part, sont encore très peu étudiées et pourraient faire l’objet de recherches futures ; dans cette entrée, nous nous focalisons sur les développements conceptuels et normatifs propres à la justice climatique conçue comme champ de recherche à part entière.
La littérature de philosophie normative sur le changement climatique est apparue au début des années 1990, en écho au processus de négociations climatiques internationales qui commençait alors à se structurer. Même si l’expression “climate justice” est déjà mentionnée quelques années auparavant dans un ouvrage sur la justice intergénérationnelle (Weiss 1989), les articles de Shue (1992) et de Jamieson (1992), publiés l’année du Sommet de la Terre de Rio et de la signature de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), donnent le réel coup d’envoi de ce champ de recherche philosophique.
La CCNUCC regorge en effet de notions qui appellent inévitablement une interprétation normative. C’est par exemple le cas de l’objectif de la coordination internationale défini par l’Article 2 comme l’évitement d’une « perturbation anthropique dangereuse » ou encore des « responsabilités communes mais différenciées » et des « capacités respectives » qui, d’après l’Article 3, doivent guider la répartition de l’effort de lutte contre le changement climatique entre les États (Nations Unies 1992). Parce que ces deux aspects soulèvent des questions cruciales, celles du juste objectif et du juste partage de l’effort pour y parvenir (Caney 2018), c’est sur eux que nous concentrons les première et seconde sections de cette entrée.
La réflexion sur la justice climatique serait néanmoins incomplète si elle ne tirait pas également les implications normatives de l’échec de la coordination internationale à endiguer la hausse de la concentration des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, notamment du fait du caractère hautement complexe du problème climatique aux plans physique, institutionnel et géopolitique. La troisième section y sera consacrée et adoptera une approche « non idéale » pour interroger les responsabilités d’une diversité d’acteurs non étatiques.
Comment définir un changement climatique « dangereux » ?
Nous avons de multiples raisons, notamment économiques, humanitaires et environnementales, de lutter contre le changement climatique et de limiter ses effets. Néanmoins, ces diverses raisons ne prescrivent pas toutes le même degré ou le même type d’intervention. En raison du caractère mondial du changement climatique et de sa vulnérabilité au free-riding, c’est-à-dire au risque que les uns profitent des efforts d’atténuation des autres sans prendre part à l’effort collectif (Gosseries 2003), une coordination internationale est indispensable. L’Article 2 de la CCNUCC définit ainsi l’objectif ultime de cette coordination : « stabiliser […] les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique » (Nations Unies 1992). Pour ce faire, des politiques d’atténuation du changement climatique doivent être mises en œuvre, visant essentiellement la réduction des émissions de GES, ainsi que la protection et le renforcement des puits de carbone tels que les forêts et les océans.
Une question normative
Toutefois, définir le degré à partir duquel le changement climatique devient « dangereux » n’est pas une question purement factuelle à laquelle les sciences du climat pourraient répondre seules ; c’est également une question évaluative et normative (Moellendorf 2014, 13). Il ne s’agit en effet pas seulement de décrire et d’expliquer le changement climatique ou de modéliser les futurs possibles. Qualifier une trajectoire de réchauffement de « dangereuse » implique en outre un jugement normatif sur l’acceptabilité ou non d’un certain état du monde. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) se garde ainsi de définir l’objectif à poursuivre, laissant cette tâche aux gouvernements. Le rôle de cet organe d’expertise créé en 1988 sous l’égide des Nations Unies est d’apporter aux gouvernements l’information nécessaire à la prise de décision, notamment à travers ses rapports d’évaluation auxquels contribuent des milliers de chercheurs dans le but de synthétiser l’état des connaissances sur le sujet.
Cette division du travail entre science et politique est essentielle si l’on admet que la démocratie est un régime plus juste sur un plan procédural qu’un gouvernement des experts. Toutefois, l’exercice de la délibération démocratique – malaisée et très imparfaite à l’échelle mondiale – ne nous dispense pas d’une interrogation philosophique sur ce que devrait être le juste objectif des politiques climatiques afin de distinguer et de clarifier les différentes options normatives et de mettre en lumière les raisonnements déficients. Cette interrogation philosophique peut contribuer à informer les décisions démocratiques – à tout le moins, tel est un de ses principaux objectifs.
Ainsi, l’objectif de limiter le réchauffement planétaire moyen « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » tout en « poursuivant l'action menée pour limiter l'élévation de la température à 1,5 °C », tel qu’énoncé par l’Article 2 de l’Accord de Paris (Nations Unies 2015), est le résultat d’un processus politique dont les présupposés normatifs ne sont pas toujours explicites. Du reste, les deux limites ciblées – +1,5 et +2°C – impliquent des distributions des coûts et des bénéfices des politiques climatiques très différentes, notamment entre les pays et entre les générations. C’est ce qui explique que les pays les plus vulnérables aux impacts climatiques, dont l’Alliance des petits États insulaires, aient plaidé en faveur d’une limitation à +1,5°C, contre les pays plus riches et moins vulnérables tels que les pays membres de l’Union Européenne, davantage préoccupés par les coûts des politiques climatiques et préférant ainsi l’objectif de +2°C.
Une question de justice
La définition d’un objectif de limitation du changement climatique pose donc un problème de justice distributive, puisqu'elle implique différentes allocations possibles des coûts et bénéfices relatifs à la lutte contre le changement climatique. Or, ce problème est d’une ampleur et d’une nature inédites puisqu’il recoupe au moins trois dimensions : mondiale, intergénérationnelle et écologique. En cela, le diagnostic de la justice climatique recoupe en partie le modèle de la « tempête morale parfaite » théorisée par Gardiner ([2006] 2023).
Justice mondiale : Premièrement, les coûts du changement climatique (ou les bénéfices des politiques climatiques) sont inégalement répartis entre les régions du monde. En effet, les effets du changement climatique ne sont pas répartis géographiquement de façon uniforme. De manière générale, les pays riches des zones tempérées sont moins exposés et moins vulnérables à ses effets que les pays moins riches des zones tropicales ou désertiques, sans parler des petits États insulaires ou des peuples de l’Arctique (IPCC 2022). De plus, les coûts d’atténuation sont eux aussi inégalement distribués. Les plus gros émetteurs actuels doivent notamment réduire davantage leurs émissions moyennes par habitant pour atteindre la neutralité carbone indispensable à la stabilité climatique.
Justice intergénérationnelle : Deuxièmement, il y a une certaine asymétrie dans la répartition des bénéfices et coûts des politiques climatiques entre les générations. D’un côté, en raison de l’accumulation des émissions de GES et d’un temps de latence dans la matérialisation de certains risques, les générations futures seront davantage menacées par les effets du changement climatique. De l’autre, en raison de l’irréversibilité à court et moyen termes de certains impacts climatiques et des limites de l’adaptation, toute politique climatique efficace risque d’imposer des coûts plus importants aux générations présentes qu’aux générations futures. Ce problème intergénérationnel est plus épineux que celui de la justice mondiale, notamment en raison de l’unidirectionnalité du temps : tandis que l’on peut redistribuer des ressources entre les pays du monde pour tenter de compenser les inégalités climatiques, il est bien plus difficile pour les générations futures d’acheminer des ressources vers le passé (pour une discussion critique, voir 1.2).
Justice écologique : Troisièmement, les effets du changement climatique sont inégalement répartis entre les êtres humains, d’une part, et les écosystèmes ou les autres espèces, d’autre part. Une grande partie des dommages causés aux humains par le changement climatique sont en effet médiatisés par l’environnement (Gardiner 2011, 43) et certaines espèces sont plus menacées encore par les dérèglements du climat que ne l’est l’espèce humaine. De plus, certaines politiques climatiques comme le captage et la séquestration du carbone peuvent exercer une pression importante sur les écosystèmes et nuire à la biodiversité.
Nous nous concentrons ici sur les dimensions mondiale et intergénérationnelle de la justice climatique parce qu’elles ont reçu le traitement le plus élaboré par les éthiciens du climat. Dans une perspective modérément anthropocentrée, on peut distinguer trois grands types de réponses à la question du juste objectif des politiques climatiques : l’utilitarisme, le parétianisme et l’approche par les droits fondamentaux (André et Gosseries 2024). Ces trois cadres normatifs permettent à la fois de justifier la lutte contre le changement climatique et de spécifier les caractéristiques d’un changement climatique dangereux. Pour les enjeux interspécifiques et les approches non anthropocentriques, voir McShane ([2016] 2023), Palmer ([2011] 2023), Brennan et Lo (2016), Bourban et Broussois (2020).
L’approche utilitariste
Une grille de lecture utilitariste fournit une justification relativement simple des politiques climatiques : un changement climatique débridé compromettrait la maximisation du bien-être agrégé de l’ensemble des populations à travers le monde et les générations.
Analyse coût-bénéfice
C’est la conclusion à laquelle parviennent les principaux travaux de modélisation économique permettant de réaliser une analyse coût-bénéfice du phénomène (Stern 2007; Nordhaus 2008). Le changement climatique dangereux est alors interprété comme une déviation par rapport à un optimum : est « dangereuse » toute trajectoire de réchauffement qui échoue à maximiser la somme mondiale et intergénérationnelle de bien-être. Ainsi, les modèles d’évaluation intégrée comme le modèle DICE (Dynamic Integrated Climate-Economy) de Nordhaus, récipiendaire du « Prix Nobel d’économie » en 2018, visent à déterminer la trajectoire « optimale » du réchauffement planétaire, c’est-à-dire celle qui maximise le bien-être mondial et intertemporel agrégé, calculé en termes monétaires (Pottier 2016, 109‑21). On compare les bénéfices des politiques climatiques avec leurs coûts pour diverses trajectoires d’émissions afin de trouver un équilibre optimal. C’est ainsi que Nordhaus a plaidé en faveur d’une limitation du changement climatique à 2,6°C en 2100 et 3,4°C en 2200 (Nordhaus 2008, 14). Stern a estimé pour sa part qu’il fallait stabiliser les concentrations atmosphériques en GES en-dessous de 550 ppm (Stern 2008, 3), une limite équivalant probablement à un réchauffement d’environ 2°C en 2100 et 3°C à plus long terme (Weitzmann 2007, 704).
Le taux d’actualisation social
L’approche qui sous-tend les modèles d’évaluation intégrée diffère toutefois de l’utilitarisme classique en ce qu’elle actualise (discounts) les coûts et les bénéfices qui surviennent dans le futur afin de les comparer à ceux du présent. On parle ainsi d’utilitarisme actualisé (discounted utilitarianism). Les coûts et bénéfices qui échoient aux personnes futures ont donc moins de poids, toutes choses égales par ailleurs, que ceux qui échoient aux personnes présentes, et ce d’autant moins qu’ils sont éloignés dans le temps et que le taux d’actualisation sociale est élevé. Les taux d’actualisation différents utilisés par Nordhaus et Stern, par exemple, expliquent en grande partie leurs recommandations divergentes : quand Nordhaus applique dans son propre modèle le taux utilisé par Stern, il obtient des résultats très similaires à ce dernier (Nordhaus 2007).
La question du juste taux d’actualisation sociale a suscité une importante discussion économique et philosophique (Dietz, Hepburn, et Stern 2008; Caney 2009a; Jamieson 2014, 115‑30; Gardiner 2011, 265‑95; Moellendorf 2014, 90‑122). Faut-il actualiser les coûts et bénéfices futurs en raison de la croissance économique – supposée continue –, de l’incertitude, de la possible disparition de l’espèce humaine ou encore du simple éloignement temporel ? Et, si oui, à quelle hauteur ? D’un côté, un taux d’actualisation social positif peut sembler discriminatoire envers les générations futures. De l’autre, un taux d’actualisation nul, quoique défendu par certains auteurs (Broome 1992), risque d’écraser les intérêts des personnes présentes sous le poids de ceux des personnes futures, beaucoup plus nombreuses dans un horizon temporel très long. Or, les enjeux politiques de ces débats sont bien réels. Aux États-Unis, par exemple, la première administration Trump avait remonté le taux d’actualisation social utilisé dans les analyses coût-bénéfice de 3% à 7%, minant ainsi largement les projets et réglementations en faveur du long terme (Bordoff 2017).
Une théorie agrégative
Plus fondamentalement, on peut appliquer à l’analyse coût-bénéfice du changement climatique deux critiques classiquement formulées à l’encontre de l’utilitarisme. S’il s’agit d’une théorie normative respectable, bien loin de certains clichés véhiculés à son sujet, on peut reprocher à l’utilitarisme sa relative indifférence à l’égard des considérations distributives et de l’inviolabilité des droits fondamentaux (Caney 2010; Jamieson 2014, 142; Moellendorf 2022, 65‑68). Certes, on peut supposer que l’utilité marginale est décroissante, ce qui justifierait d’ailleurs, conjointement avec l’hypothèse d’une croissance économique continue, l’utilisation d’un taux d’actualisation positif : si les générations futures se révèlent être plus riches, elles pourront supporter les mêmes coûts que les générations présentes en sacrifiant moins de leur bien-être. Toutefois, agréger dans un seul indicateur le bien-être de tous les individus à travers l’espace et le temps ouvre la possibilité de choisir une trajectoire de réchauffement qui sacrifie les intérêts d’une minorité afin de maximiser le bien-être du plus grand nombre. En outre, de par son caractère welfariste, l’approche utilitariste se concentre sur la maximisation du bien-être sans fondamentalement considérer certaines pertes non économiques relatives à la valeur intrinsèque de la dignité et des droits des personnes. Cela pourrait conduire à accepter des violations des droits humains fondamentaux afin d’optimiser la trajectoire de réchauffement planétaire.
L’approche parétienne
Face à cette tendance à négliger ceux dont les intérêts sont sacrifiés dans une trajectoire optimale de réchauffement, des approches alternatives ont été développées. Prenant le contrepied de l’indifférence de l’utilitarisme actualisé face aux considérations distributives, le parétianisme propose de définir des politiques climatiques sans « sacrifiés ». Critère majeur dans l’analyse économique, le principe d’efficacité stipule qu’une situation est « Pareto-optimale » si, dans toutes les situations alternatives, aucun agent ne pourrait être mieux loti sans qu’un autre n’y perde. Plus simplement, une situation est « Pareto-supérieure » à une autre si la condition d’au moins un agent y est améliorée sans que celle d’aucun autre ne soit détériorée.
Toutefois, les options Pareto-supérieures sont rares dans le monde réel. En particulier, il est difficile d’imaginer des politiques climatiques qui ne nuisent à aucun des agents affectés à travers le monde et les générations. Il suffit de penser aux agents dont la prospérité économique dépend aujourd’hui de l’exploitation des combustibles fossiles. Leurs intérêts économiques sont inévitablement menacés par toute politique climatique sérieuse, impliquant de laisser sous terre une partie des réserves de pétrole, de charbon et de gaz (Kartha et al. 2018).
Le partage efficace du surplus
Le parétianisme répond théoriquement à ce problème : il suffirait de partager le surplus de bien-être généré par une coopération climatique optimale – maximisant le bien-être agrégé – de sorte à dédommager les perdants nets (Heath 2021, 188). À l’échelle internationale, par exemple, Posner et Weisbach proposent que les pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique (comme le Bangladesh) compensent les pays qui devront supporter les coûts d’atténuation les plus élevés (comme les États-Unis) (Posner et Weisbach 2010, 192).
Comme l’utilitarisme, le parétianisme s’appuie ainsi sur l’analyse coût-bénéfice pour déterminer une trajectoire de réchauffement planétaire optimale. Néanmoins, la maximisation du bien-être agrégé n’est pas considérée comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen au service de l’efficacité de Pareto. Même si elles peuvent recommander le même objectif climatique, les approches utilitariste et parétiennes diffèrent donc dans leurs justifications. Elle s’ancre chez Heath en particulier dans une vision contractualiste : l’efficacité de Pareto serait le principe que choisiraient des agents libres et rationnels en vue de leur avantage mutuel (Heath 2021).
Des pertes compensables ?
On peut toutefois douter qu’il soit effectivement possible de compenser toutes les pertes de bien-être occasionnées par le choix d’une politique climatique optimale, et ce pour au moins deux raisons. D’une part, il n’est pas certain que les générations futures puissent pleinement compenser les pertes de bien-être supportées par les générations présentes en raison des coûts de l’atténuation. Ceci s’explique par l’unidirectionnalité du temps : nous pouvons nuire ou procurer des bénéfices aux personnes futures éloignées (c’est-à-dire dont l’existence ne chevauchera pas la nôtre), mais elles ne peuvent guère nous nuire ou nous procurer des bénéfices. Autrement dit, les transferts descendants excèdent très largement les transferts ascendants (Gosseries 2023, 11‑12). En réponse, certains auteurs proposent que les générations présentes se dédommagent elles-mêmes des efforts climatiques supportés en transférant moins de ressources naturelles et artificielles vers le futur qu’elles ne l’auraient autrement fait (Broome 2012, 44‑45; Broome et Foley 2016). D’autre part, le parétianisme suppose que les dommages climatiques non évités dans un scénario optimal pourront également être compensés financièrement afin qu’il n’y ait aucun perdant net. On a néanmoins des raisons de penser que certains dommages sont d’une nature telle qu’ils ne peuvent être qu’imparfaitement, voire pas du tout, compensés par des ressources monétaires. C’est le cas de la perte de vies humaines, de la destruction d’écosystèmes uniques ou encore de la disparition de certaines identités culturelles (Goodin 1989; Wallimann-Helmer 2015; Heyward et Page 2017; André 2020).
L’approche par les droits fondamentaux
Une troisième approche pour définir l’objectif climatique rejette quant à elle le recours à l’analyse coût-bénéfice et la recherche d’un réchauffement planétaire économiquement optimal. C’est l’approche par les droits humains fondamentaux. Elle part du constat que le changement climatique anthropique menace un certain nombre d’intérêts de base protégés par des droits universels.
Intérêts de base et droits fondamentaux
C’est en particulier le cas des droits à l’intégrité physique (Shue 1998), à la vie, à la santé et à la subsistance (Caney 2010). L’augmentation de la fréquence et de l’intensité d’événements météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les inondations et les ouragans menace l’intégrité physique et la vie des personnes ; le dérèglement des régimes de températures et de précipitations constitue un risque majeur pour la subsistance alimentaire ; et la recrudescence de maladies infectieuses telles que le choléra, le paludisme et la dengue est une menace pour la santé humaine. Cette approche soulève la question de l’étendue de la liste des droits humains fondamentaux que les politiques climatiques devraient défendre. S’agit-il seulement des droits précités ou bien faut-il en inclure d’autres, comme le droit à l’identité culturelle ou le droit de ne pas être déplacé de force ? Quelle que soit la liste d’intérêts fondamentaux que l’on adopte, l’approche par les droits humains enjoint de limiter le réchauffement planétaire autant que nécessaire pour les protéger.
Toutefois, l’approche par les droits humains impose également des contraintes : les coûts des politiques climatiques ne doivent pas menacer les intérêts de base qu’elles sont censées protéger (Caney 2010). En effet, les politiques d’atténuation risquent de violer les droits humains fondamentaux si elles empêchent les plus défavorisés de la génération actuelle de satisfaire leurs besoins de base à partir de combustibles fossiles sans leur fournir d’alternatives décarbonées et bon marché (Shue 1992). Ainsi, il s’agit de protéger les droits fondamentaux des personnes futures menacées par les effets du changement climatique tout en protégeant ceux des personnes présentes menacées par les coûts des politiques climatiques.
Une approche suffisantiste
L’approche par les droits humains répond donc par un principe de suffisance à la question de justice distributive (intergénérationnelle et mondiale) posée par le choix d’un objectif climatique. Le suffisantisme (sufficientarianism) considère que la priorité – voire le seul objectif – de la justice sociale est de s’assurer que toute personne se trouve au-dessus d’un certain seuil dit de suffisance (Gosseries 2011), qu’on peut par exemple justifier par la dignité humaine et protéger par un certain nombre de droits positifs. Il faudrait ainsi limiter le changement climatique de telle sorte que toute le monde puisse au moins mener une vie digne ou décente.
Une telle conception de la justice climatique n’est pas incompatible avec un principe distributif égalitariste au-dessus du seuil de suffisance. Toutefois, en ce qui concerne la détermination d’un objectif de réchauffement planétaire, l’application d’un principe égalitariste est généralement peu défendue parce que son application est particulièrement ardue. Quel serait en effet un objectif de réchauffement qui égaliserait la situation des différentes générations ou des différents pays ? Ou qui améliorerait la situation des générations ou des pays les plus défavorisés ? Ces approches posent le problème de la détermination du panier de biens à considérer. En outre, comme on l’a vu avec l’approche parétienne, les obstacles aux transferts descendants limitent les possibilités de redistribution des ressources entre les générations. Par rapport à des approches égalitaristes du juste objectif, le suffisantisme des droits humains semble plus aisément applicable en ce qu’il ne repose pas sur la définition d’un panier de biens à égaliser et n’implique pas de transferts intergénérationnels.
Des droits pour les personnes futures ?
L’approche par les droits humains fondamentaux fait toutefois face à trois objections à la reconnaissance de droits aux personnes futures – on peut se référer à la littérature sur la justice intergénérationnelle pour plus de détails (Zwarthoed 2018).
Non-réciprocité : Premièrement, le devoir de protéger les droits pourrait sembler reposer sur la réciprocité (Page 2006, chap. 5). Or, les personnes futures qui ne sont pas encore nées ne peuvent pas avoir de devoirs envers nous parce qu’elles ne pourront matériellement avoir aucune influence sur nous. En retour, nous n’aurions donc pas d’obligations à leur égard. Cet argument se heurte toutefois à une intuition morale communément partagée : les individus qui ne peuvent pas avoir de devoirs envers nous, comme les nouveau-nés ou les animaux non humains, sont quand même susceptibles d’avoir des droits qui nous obligent.
Non-existence : Deuxièmement, les personnes futures pourraient sembler ne pas avoir de droits parce qu’elles n’existent pas encore et n’ont donc pas encore d’intérêts à protéger (Vanderheiden 2008, 128). Là encore, l’objection entre en conflit avec nos intuitions morales les plus courantes. Par exemple, on juge généralement qu’il n’est pas moralement permis d’installer une bombe à retardement qui fera de nombreuses victimes dans plusieurs générations au seul prétexte qu’aucune des victimes n’est encore née (Shue 1998). Une solution théorique consiste à considérer qu’il est très probable que des personnes existeront, y compris dans un futur lointain, qu’alors elles auront des droits, et que nous avons donc d’ores et déjà des devoirs envers elles dans la mesure où nous pouvons porter atteinte à leurs intérêts (Gosseries 2004, 92‑94).
Non-identité : Troisièmement, nos politiques climatiques affecteront le nombre et l’identité des personnes futures dans la mesure où les choix publics en matière de transports, d’urbanisme, de loisirs, etc., modifient la composition des couples et/ou le moment où des enfants sont conçus (Parfit 1984, 361; Page 2006, chap. 6). Dès lors, on ne peut pas dire que le changement climatique nuise, au sens strict, aux personnes futures, dans la mesure où elles ne seraient tout simplement pas venues au monde si des politiques climatiques plus ambitieuses avaient été mises en place. L’approche par les droits humains fondamentaux répond toutefois à ce problème en adoptant une conception du dommage par référence à un seuil absolu : on considère qu’une personne subit un dommage non plus en comparant la situation réelle à une situation contrefactuelle – où la personne n’existerait tout simplement pas –, mais en estimant qu’elle se trouve sous un seuil minimal dont le contenu est déterminé par les droits humains (Meyer et Roser 2009).
Conflits de droits
Enfin, on pourrait craindre que l’approche par les droits humains soit incapable d’opérer certains arbitrages difficiles en cas de conflits de droits (Heath 2021, 55). Que faire par exemple si, en raison de décennies d’inaction politique, nous n’avions plus que le choix tragique entre un changement climatique transgressant les droits humains des personnes futures et des politiques climatiques drastiques qui, pour l’éviter, transgresseraient les mêmes droits des personnes présentes (Voiron 2023) ? Tout d’abord, il ne serait pas incohérent de choisir l’option qui implique quantitativement le moins de violations de droits fondamentaux, en l’occurrence vraisemblablement les violations causées par les politiques climatiques puisque le changement climatique est amené à durer pendant des siècles. Ensuite, les défenseurs de l’approche par les droits humains pourraient remettre en question les prémisses du dilemme éthique en affirmant qu’une distribution équitable de l’effort (telle qu’étudiée dans la section suivante) devrait au moins permettre d’éviter que les politiques climatiques ne menacent les intérêts de base des plus vulnérables. Si l’effort mondial est partagé d’une manière au moins minimalement équitable, alors on devrait pouvoir éviter que les politiques climatiques ne violent les droits fondamentaux des plus désavantagés.
Le problème de l’incertitude
Un problème commun se pose néanmoins pour les trois approches étudiées : celui de l’incertitude (Gardiner 2006; Broome 2012, chap. 7; Moellendorf 2014, 3). Comment définir un juste objectif de lutte contre le changement climatique quand un certain nombre de ses effets demeurent incertains ? L’incertitude remet en question la pertinence des résultats de l’analyse coût-bénéfice – sur laquelle s’appuient les approches utilitaristes et parétiennes –, mais aussi les estimations de violations des droits humains. Si, par exemple, le système climatique franchissait un point de basculement imprévu entraînant son emballement irréversible, les coûts pourraient être bien plus élevés que prévu, tant en termes de bien-être que de droits humains (Lenton et al. 2019).
L’utilitarisme recommande traditionnellement de calculer l’utilité espérée (expected utility) d’un événement en multipliant son utilité par sa probabilité d’occurrence (Broome 2012, 126‑29). Toutefois, on peut craindre que cette approche minimise le danger de certains événements catastrophiques du fait de leur très faible probabilité ou du fait que nous n’en n’avons pas conscience dans l’état actuel des sciences du climat. Face à une telle incertitude, Moellendorf défend au contraire un principe anti-catastrophe fondé sur l’idée de précaution : nous aurions l’obligation d’éviter de courir le risque d’une catastrophe climatique massive du moment que nous pouvons le faire sans coûts trop importants (Moellendorf 2022, 70‑72). Cette approche plaiderait certainement en faveur de l’objectif de limitation du changement climatique le plus bas possible, sachant qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, la température moyenne à la surface de la Terre a déjà augmenté d’au moins 1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle (IPCC 2021), avec de graves impacts climatiques que la plupart des climatologues ne pensaient pas voir survenir avant plusieurs décennies. Toutefois, l’arrêt immédiat de toutes les émissions de GES, si tant est qu’il soit possible, aurait des conséquences catastrophiques difficiles à imaginer pour nos sociétés reposant sur les combustibles fossiles. De plus, certaines politiques telles que le captage et la séquestration du carbone pourraient gravement menacer les écosystèmes.
Comment partager équitablement les devoirs climatiques ?
La définition de l’objectif de limitation du réchauffement planétaire n’est pas le seul problème de justice posé par le changement climatique. Une fois l’objectif fixé, la question du partage équitable de l’effort nécessaire à cette limitation entre les États se pose. Pour y répondre, les philosophes ont proposé plusieurs principes de justice faisant écho à la norme juridique des « responsabilités communes mais différenciées » et des « capacités respectives » qui doit guider le partage de l’effort d’après l’Article 3 de la CCNUCC (1992). Plus précisément, il s’agit de répartir équitablement les devoirs relatifs à trois types de politiques climatiques : l’atténuation, qui vise à réduire les causes du changement climatique; l’aide à l’adaptation aux impacts climatiques, afin d’éviter ou du moins de réduire les dommages subis par les personnes et les écosystèmes vulnérables aux impacts climatiques ; et la remédiation des pertes et dommages n’ayant pu être évités, par exemple par la compensation financière ou l’accueil des migrants et exilés climatiques.
Quels sont les agents soumis à ces trois devoirs de justice distributive ? Bien que d’autres agents puissent avoir certaines obligations climatiques (voir section 3), les philosophes se sont principalement intéressés aux responsabilités des États, en particulier en matière d’atténuation. Les États sont en effet les plus aptes à élaborer un cadre législatif et politique pouvant convaincre, inciter et contraindre les agents individuels et collectifs à réduire drastiquement et durablement leur empreinte carbone.
La question du juste partage des devoirs climatiques entre les États peut à son tour être subdivisée en deux questions qui sont au cœur de la littérature philosophique et des négociations climatiques :
- Comment répartir équitablement les droits d’émission entre les États ?
- Plus largement, comment répartir l’effort de lutte contre le changement climatique (comprenant l’atténuation, l’adaptation et la remédiation des pertes et dommages) entre les États ?
La répartition des droits d’émission
Après avoir défini le changement climatique dangereux et déterminé un budget carbone à ne pas dépasser pour avoir une probabilité suffisamment élevée de l’éviter, la question de savoir comment partager équitablement les émissions restantes se pose. Pour ce faire, de nombreux auteurs s’inspirent de la théorie de Locke sur l’appropriation légitime de la terre, qu’ils appliquent à la capacité de l’atmosphère à absorber les GES (Bovens 2011, 129; Liebell 2011, 232; Singer 2016, 34). Toutefois, la diversité d’interprétations possibles peut donner lieu à au moins trois principes différents (et pas toujours réconciliables) pour le partage des droits d’émission.
Le principe d’égalité stricte
L’approche lockéenne de la justice climatique repose sur deux caractéristiques majeures : la propriété commune de l’atmosphère et la clause selon laquelle l’appropriation de la capacité de l’atmosphère à absorber les GES n’est légitime que « lorsque ce qui est laissé en commun pour les autres est en quantité suffisante et d’aussi bonne qualité » (Locke 2011, 22).
Partant de cette approche, un certain nombre d’auteurs ont défendu le principe de justice climatique distributive suivant :
Principe d’égalité stricte : la distribution des droits d’émission n’est juste que si chaque personne a un droit égal à émettre des GES (dans la limite du budget carbone restant).
Singer défend ce principe en expliquant que puisque chacun a un droit égal à la capacité absorbante de l’atmosphère, il convient de diviser pour chaque année le budget carbone annuel par le nombre de personnes vivantes sur Terre (Singer 2016, 41). Bien que les droits d’émettre soient individuels, le principe d’égalité est en général mobilisé pour attribuer des droits d’émission aux États en fonction de leur population (sur les quotas individuels de carbone, voir Hyams 2009). Pour respecter leur juste part de l’effort collectif, les pays fortement émetteurs devraient donc drastiquement réduire leurs émissions nationales (Singer 2016, 45). Afin de ne pas inciter les États à encourager la croissance démographique sur leur territoire pour obtenir plus de droits d’émission, Singer (2016, 46) suggère d’indexer ces droits sur des projections de croissance démographique pour chaque pays. Si les pays ont une croissance démographique inférieure aux prévisions, ils se retrouvent avec davantage de quotas d’émissions par citoyen ; s’ils dépassent les prévisions démographiques, ils se retrouvent avec moins de quotas. Enfin, selon cette approche, les droits d’émission devraient être échangeables dans le cadre d’un marché international du carbone pour que les États désirant davantage de droits d’émission puissent acheter ceux des pays n’ayant pas consommé l’intégralité des leurs (pour une critique de l'échangeabilité des quotas, voir Shue 1993, 57‑58).
Une première raison en faveur du principe d’égalité stricte est la présomption intuitive en faveur de l’égalité, largement partagée dans les théories de la justice. Comme Sen (2012) l’a souligné, une des questions majeures de la philosophie politique contemporaine est « quelle égalité ? ». Selon Singer et d’autres philosophes comme Broome (2012), Ott (2012) et Vanderheiden (2008), chacun aurait droit à une part égale de la capacité absorbante de l’atmosphère. Si l’atmosphère appartient à l’ensemble de l’humanité, chacun aurait un droit égal aux services qu’elle pourvoit. Une deuxième raison en faveur de ce principe est qu’il permettrait de larges transferts financiers des pays très émetteurs vers les pays peu émetteurs grâce à l’échange des droits d’émission. Les pays qui émettront plus dans le futur devraient en effet sous ce principe de justice (et à condition qu’il existe un marché du carbone) acheter des droits à ceux qui émettent moins. Ces transferts financiers pourraient permettre de réduire les inégalités socio-économiques qui sont à l’origine des injustices mondiales.
Le principe d’égalité stricte a toutefois plusieurs limites (Caney 2009b, 130‑33). Premièrement, il ne tient pas compte du fait que les individus n’ont pas tous accès à des alternatives aux combustibles fossiles abordables. Par exemple, en fonction du mix énergétique national ou du manque d’accès à des transports publics, certains individus peuvent légitimement avoir besoin de d’émettre davantage que d’autres. Deuxièmement, le principe d’égalité stricte ne tient également pas compte du fait que les pays d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest ont historiquement émis bien plus de GES que d’autres pays, par exemple en Amérique Latine et en Afrique. Puisque certains pays ont contribué par le passé de manière disproportionnée à réduire la capacité absorbante de l’atmosphère, cela pourrait sembler injuste.
Le principe de suffisance
On peut toutefois interpréter différemment l’idée d’appropriation légitime de l’atmosphère, notamment en mettant l’accent sur la première partie de la clause lockéenne : l’appropriation de la capacité absorbante de l’atmosphère n’est légitime que si on en laisse « en quantité suffisante et d’aussi bonne qualité » (voir notamment Liebell 2011, 232). Le principe de justice le plus pertinent serait alors le suivant :
Principe de suffisance : la distribution des droits d’émission n’est juste que si chaque personne se voit attribuer une part suffisante de ces droits (dans la limite du budget carbone restant).
Comme nous l’avons vu dans la première section, le principe de suffisance peut être interprété comme une exigence minimale de justice : quelle que soit la manière dont les États décident d’allouer entre eux les droits d’émission, ils doivent au moins s’assurer que chaque personne puisse émettre assez de GES, par exemple pour satisfaire ses besoins de base. Henry Shue (1993) distingue ainsi entre « émissions de subsistance » et « émissions de luxe » pour assurer que personne ne tombe en dessous du seuil absolu de suffisance. Les émissions de subsistance permettent de satisfaire un intérêt vital qu’il n’est pas raisonnablement possible, dans des conditions données, de satisfaire en émettant moins (Duus-Otterström 2023). Selon ce principe, une distribution minimalement juste des droits d’émission doit garantir à chacun assez d’émissions de subsistance, par exemple pour cuisiner ou se rendre sur son lieu de travail. Comme Shue l’explique dans une formule célèbre, « quelles que soient les exigences positives de la justice, cette dernière ne permet pas que les nations pauvres vendent leurs couvertures pour que les nations riches puissent garder leurs bijoux » (Shue 1992, 397).
Un premier avantage du principe de suffisance est qu’il repose, comme le principe d’égalité stricte, sur une intuition morale largement partagée : la priorité de la satisfaction des intérêts fondamentaux des individus par rapport aux autres préférences. Déterminer le seuil de suffisance selon une approche par les droits humains qui protègent ces intérêts fondamentaux, comme les droits à la vie, à la santé et à la subsistance (voir section 1), établit ainsi le principe de suffisance sur des fondements peu controversés, tant au niveau philosophique que politique. Un deuxième avantage du principe de suffisance, qui le distingue cette fois du principe d’égalité stricte, est qu’il permet de prendre en compte les besoins individuels inégaux en termes d’émissions de GES (Caney 2012) : par exemple, tandis que certains ont besoin de beaucoup de combustibles fossiles pour se chauffer ou se déplacer au quotidien, d’autres ont accès à des sources d’énergie moins émettrices, et d’autres encore ont des besoins moindres en raison d’un climat plus clément ou de distances à parcourir moins importantes.
Le principe de suffisance est cependant également critiqué. Une première objection émerge de la controverse autour de l’interprétation du seuil de suffisance. Quelle est la métrique la plus pertinente ici : intérêts, droits, besoins, ou capabilités – c’est-à-dire l’ensemble des possibilités réelles de choix et d’action d’une personne (Nussbaum 2012, chap. 2) ? Et une fois la métrique choisie, comment justifier le niveau du seuil absolu ? En raison de ces difficultés, le principe de suffisance risque de reposer sur une interprétation discutable du seuil de suffisance. Deuxièmement, même si les inégalités en-dessous du seuil sont les plus préoccupantes, certaines inégalités au-dessus du seuil de suffisance sont également moralement pertinentes. À moins que le seuil ne soit fixé à un niveau très élevé, le principe de suffisance ne peut expliquer à lui seul pour quelle(s) raison(s) les inégalités socio-économiques se trouvant au-dessus du seuil doivent également être réduites.
Le principe des droits acquis
Un dernier principe pour partager le budget carbone est celui des droits acquis (grandfathering) (Bovens 2011; Knight 2013; Schuessler 2017), notoirement prôné par les États-Unis au début des négociations internationales. Bovens (2011), en particulier, propose une interprétation différente de la théorie de l’appropriation légitime de Locke pour défendre un tel principe. L’utilisation passée par les États de la capacité absorbante de l’atmosphère leur conférerait des droits de continuer à le faire. Certes, cette appropriation ne resterait légitime que tant que les émetteurs historiques laissent une capacité absorbante de l’atmosphère « en quantité suffisante et d’aussi bonne qualité » aux autres États. Cependant, tant que cette clause est respectée, le droit de propriété lockéen pourrait justifier des inégalités d’émissions relativement importantes entre les États. Même si aujourd’hui la capacité absorbante de l’atmosphère est de plus en plus limitée, pendant une certaine période suivant la Révolution industrielle les activités émettrices des États ne violaient pas la clause lockéenne et cette appropriation passée de l’atmosphère devrait, d’après les défenseurs de ce principe, avoir un poids moral dans l’allocation présente des droits d’émission.
Principe des droits acquis : la distribution des droits d’émission n’est juste que si les droits d’émission futurs sont proportionnels aux émissions passées et que si chacun a accès à une part suffisante de la capacité absorbante de l’atmosphère (dans la limite du budget carbone restant).
Ce principe donnerait ainsi plus de droits d’émission aux pays d’industrialisation ancienne qu’aux pays moins riches et d’industrialisation plus récente. Conscient du caractère controversé de cette position, Bovens reconnaît qu’à un certain moment l’appropriation de la capacité absorbante de l’atmosphère de la part des États d’industrialisation ancienne a commencé à violer la clause lockéenne, sans toutefois préciser quand ; l’existence de ces deux périodes distinctes suffirait selon lui pour que l’argument demeure valide. Les pays d’industrialisation ancienne pourraient exiger qu’on reconnaisse la légitimité de leurs droits acquis, mais les pays d’industrialisation plus récente pourraient exiger la rectification des appropriations illégitimes à partir du moment où la clause lockéenne a été violée par les pays fortement émetteurs. De plus, Bovens se réfère à la clause lockéenne de non-gaspillage, selon laquelle toute appropriation d’une ressource naturelle qui mène au gaspillage serait illégitime, pour conclure à l’illégitimité des émissions causées par l’inefficacité énergétique des pays fortement émetteurs.
Bovens restreint encore davantage les implications du principe des droits acquis en introduisant deux considérations normatives supplémentaires qu’il considère comme extérieures au cadre lockéen. Premièrement, l’allocation des droits d’émission doit respecter l’exigence humanitaire selon laquelle personne ne doit tomber en dessous d’un niveau de vie décent. Deuxièmement, une fois le seuil de subsistance garanti, il faudrait élever les pays « en développement » au-dessus de ce niveau minimal de développement humain. L’allocation initiale se ferait donc en fonction du principe des droits acquis, mais au fur et à mesure que la capacité absorbante de l’atmosphère se réduit, l’allocation devrait être ajustée en fonction des principes de suffisance (sous le seuil absolu) et d’égalité par tête (au-dessus du seuil). Sans que l’allocation soit strictement égalitariste, elle deviendrait de plus en plus égalitaire.
L’approche de Bovens se heurte à deux limites importantes. La première est qu’aujourd’hui, le principe des droits acquis ne devrait plus vraiment jouer de rôle important dans l’allocation des droits d’émission. Cela fait maintenant plusieurs décennies que les connaissances scientifiques permettent d’établir que les pays d’industrialisation ancienne ont émis des quantités excessives de GES en ne laissant pas assez de capacité absorbante de l’atmosphère aux autres États, notamment ceux dont les besoins de développement économique sont élevés. Les principes de suffisance (en dessous du seuil) et d’égalité (au-dessus du seuil) devraient donc avoir pris le relai depuis déjà bien longtemps. La deuxième faiblesse est que l’analogie entre l’appropriation de la terre de celle de l’atmosphère ne tient pas en raison d’une condition d’appropriation cruciale mise en avant par Locke : le devoir d’améliorer la terre, d’y ajouter de la valeur en la cultivant (Locke 2011, 25). Contrairement aux laboureurs qui améliorent la terre en y ajoutant de la valeur, les États industriels responsables des émissions historiques n’ont pas amélioré l’atmosphère ; au contraire, ils ont appauvri l’un de ses services en surexploitant sa capacité d’absorber les GES. En fin de compte, le principe des droits acquis semble donc devoir jouer un rôle beaucoup moins important que ceux d’égalité et de suffisance dans l’allocation des droits d’émission.
De manière plus générale, on peut aussi critiquer tous les principes destinés à distribuer de manière juste les droits d’émissions sans référence à un cadre normatif plus large relatif à la juste distribution de l’ensemble des coûts et bénéfices de la vie sociale (Caney 2012; 2018; André et Gosseries 2024, 57‑61). Cette critique pointe vers la différence entre « isolationnisme » et « intégrationnisme ». Tandis que les isolationnistes soutiennent qu’on peut distribuer les droits d’émissions de manière juste sans se référer à la distribution de l’ensemble du panier de biens ayant vocation à être distribués, par exemple selon un principe d’égalité stricte, les intégrationnistes considèrent qu’il faut prendre en compte l’ensemble des inégalités socio-économiques. Ces derniers peuvent être ainsi favorables à une distribution inégale des droits d’émissions échangeables en faveur des plus désavantagés tout bien considéré, afin que ces derniers les consomment ou s’enrichissent en les vendant. Dans cette perspective, le partage du budget carbone ne devrait pas être artificiellement isolé des autres considérations de justice distributive.
Le partage des efforts de lutte contre le changement climatique
Le débat sur la juste répartition des droits d’émission repose sur deux présupposés largement partagés dans la littérature philosophique :
- La capacité absorbante de l’atmosphère est une ressource finie qu’il convient de se répartir ;
- Il existe un flux annuel d’émissions de GES pouvant être réparti entre les États sans créer une perturbation anthropique dangereuse du système climatique.
Ces deux présupposés sont en réalité problématiques car ils reposent sur une caractérisation erronée du changement climatique. Le problème principal avec (1) est que le changement climatique est moins un problème de pénurie que de perturbation des systèmes naturels mondiaux causé par les flux de matière et d’énergie qui sous-tendent nos activités économiques (Rockström et al. 2009; Bourg 2013). On pourrait même dire qu’il s’agit plutôt d’un problème d’abondance : nous avons trop de pétrole, de charbon et de gaz pour maintenir les concentrations de GES dans l’atmosphère à un niveau sans danger. La capacité de l’atmosphère à absorber les GES anthropiques n’est pas limitée en soi : le problème est précisément qu’elle continue d’absorber des GES au-delà d’un niveau sûr, ce qui entraîne un changement climatique dangereux, potentiellement catastrophique.
Le problème principal avec (2) est qu’en raison de l’explosion des émissions mondiales de GES depuis le début des années 2000, la part du budget carbone qu’il reste à l’humanité pour éviter un changement climatique dangereux est très restreinte. Dans son dernier rapport d’évaluation, le GIEC précise que si les émissions nettes cumulées pour la décennie 2020-2029 sont égales aux émissions nettes cumulées pour la décennie 2010-2019, les quatre cinquièmes du budget carbone restant pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C seront épuisés, et environ un tiers du budget restant pour limiter le réchauffement planétaire à 2°C (IPCC 2023, 6). Le défi le plus urgent est alors de décarboner rapidement, radicalement et équitablement l’économie mondiale. Si la question de l’attribution équitable des droits d’émission demeure pertinente, la question d’une transition énergétique juste au niveau mondial doit passer au premier plan (sur ce sujet, voir Shue 2014, 56).
L’approche par les droits d’émission souffre de deux limitations supplémentaires. Premièrement, les droits d’émission ne sont pas des droits fondamentaux (Hayward 2007). Il est en effet possible de satisfaire les intérêts protégés par les droits d’émission sans émettre de GES, pourvu que des politiques climatiques et sociales adéquates soient mises en place. Si les personnes ont certes un droit fondamental à satisfaire leurs intérêts de base, elles n’ont pas de droit fondamental à émettre des GES. Deuxièmement, une approche focalisée sur le partage des droits d’émission laisse de côté la distribution des coûts de réduction des émissions, ainsi que de l’effort d’adaptation et de remédiation des pertes et dommages. Or, ces questions sont centrales dans les négociations internationales et les revendications des pays les plus vulnérables (McShane 2017; Baatz et Bourban 2019; Wallimann-Helmer et al. 2019; André 2020). C’est pourquoi il convient d’élargir la focale et d’articuler la question de la juste distribution des droits d’émission avec celle du partage équitable de l’effort de lutte contre le changement climatique en un sens plus large, comprenant l’atténuation, l’aide à l’adaptation et la remédiation des pertes et dommages.
Le principe du pollueur-payeur
Pour guider la répartition de l’effort de lutte contre le changement climatique entre les pays, on peut partir d’une norme juridique centrale déjà mentionnée ci-devant : celle des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives (CCNUCC 1992 art. 3.1).
Pour assigner les responsabilités de la prise en charge de l’effort climatique aux États, une manière intuitive de procéder consiste à corréler ces responsabilités au degré de contribution au problème. Le degré de responsabilité serait alors proportionnel au degré de contribution à l’ensemble des émissions historiques et présentes :
Principe du pollueur-payeur : les coûts des politiques climatiques supportés par les agents doivent être proportionnels à leur contribution au changement climatique.
L’un des premiers philosophes à avoir défendu l’application du principe du pollueur-payeur au changement climatique est Shue (voir également Neumayer 2000). Par leurs activités émettrices, les pays « développés » ont « infligé des dommages majeurs et globaux à l’atmosphère terrestre » (Shue [1999] 2023, 147). Les activités émettrices de ces pays ont notamment causé des inégalités socio-économiques mondiales en maintenant des populations dans la pauvreté. En conséquence, « les sociétés dont les activités ont détérioré l’atmosphère devraient désormais supporter une répartition des charges suffisamment inégales pour corriger l’inégalité qu’elles ont imposée » (Shue [1999] 2023, 147).
La difficulté principale du principe du pollueur-payeur est l’attribution de la responsabilité des émissions historiques. La durée de résidence moyenne du dioxyde de carbone dans l’atmosphère est de deux à trois siècles, avec environ 25% de l’ensemble des émissions anthropiques cumulées qui y restent plus d’un millénaire (Archer 2016). Cela soulève deux problèmes majeurs (Gosseries 2003; Caney [2005] 2023) :
- L’ignorance excusable : pour la plupart d’entre eux, nos ancêtres ne pouvaient pas savoir que leurs activités économiques émettrices contribueraient dans le futur à une déstabilisation du système climatique : puisqu’on ne pouvait légitimement attendre d’eux, en l’état des connaissances scientifiques de leur époque, de connaître les impacts des effets cumulés de leurs actions, leur ignorance semble excusable. Une date symbolique souvent mentionnée dans la littérature est 1990, année de publication du premier rapport d’évaluation du GIEC : avant cela, la plupart des États pourraient arguer de leur ignorance excusable. Cependant, certains États (et certaines grandes entreprises, notamment pétrolières) avaient une connaissance avancée du problème dès les années 1970 au moins.
- Les émetteurs décédés : une grande partie des émetteurs historiques ne sont plus vivants : les émissions dites historiques ont commencé au début de la Révolution industrielle, à la fin du 18e siècle, et de nombreux pollueurs ne sont plus là pour assumer les coûts des politiques climatiques. En dérivant la responsabilité morale de la responsabilité causale, le seul principe du pollueur-payeur échoue à justifier que les membres des générations présentes doivent assumer les coûts impliqués par les activités émettrices de leurs ancêtres.
En outre, le principe du pollueur-payeur fait face à une autre objection cruciale : celle de la lutte contre la pauvreté. Le fait que certains États aient beaucoup émis de GES par le passé, ou qu’ils en émettent beaucoup aujourd’hui, ne garantit pas leur capacité à assumer les coûts des politiques climatiques. On peut par exemple penser à certains pays de l’ancien bloc soviétique ayant connu une rapide industrialisation suivie d’un effondrement économique dans les années 1990, ou encore aux pays à faibles revenus où sont aujourd’hui délocalisées de nombreuses industries fortement émettrices de GES. Appliquer le principe du pollueur-payeur sans tenir compte des capacités des États pourrait conduire à freiner la lutte contre la pauvreté et à transgresser les droits fondamentaux des individus.
Le principe de la capacité à payer
Le principe du pollueur-payeur est donc à lui seul insuffisant pour répartir équitablement l’effort climatique dans son ensemble. Caney propose donc de le compléter avec le principe suivant (voir également Miller 2009) :
Principe de la capacité à payer : les coûts des politiques climatiques supportés par les agents doivent être proportionnels à leurs capacités à les assumer.
Ce principe repose sur une approche différente de celle du principe du pollueur-payeur : la responsabilité morale de lutte contre le changement climatique est décorrélée de la responsabilité causale. D’après Caney, ce principe peut être justifié par le décalage entre l’immense valeur de ce qui est menacé par le changement climatique (les droits fondamentaux d’une multitude de personnes) et les sacrifices relativement faibles que cela impliquerait pour les États les plus riches de supporter des politiques climatiques (Caney [2005] 2023). Il propose d’articuler le principe du pollueur-payeur avec le principe de la capacité à payer dans une approche « hybride » en appliquant le premier aux émissions postérieures à 1990 et le second aux émissions historiques (Caney [2005] 2023, 247).
Les critiques du principe de la capacité à payer voient néanmoins dans l’absence de référence à la responsabilité causale une faiblesse. D’après ce principe, quelle que soit leur contribution historique au changement climatique, les États les plus riches doivent assumer des coûts en raison de leur capacité à les endosser. Caney reconnaît lui-même que les deux principes « opèrent à partir de logiques concurrentes » : « [d]ans les cas où ils peuvent tous être appliqués, l’affirmation de la logique sous-jacente à l’un implique ainsi un rejet de la logique de l’autre » (Caney 2011, 240‑41).
Le principe du bénéficiaire-payeur
En raison des limites des deux autres principes de justice climatique, certains philosophes en ont proposé un troisième (Page 2011; Meyer 2013) :
Principe du bénéficiaire-payeur : les coûts des politiques climatiques supportés par les agents doivent être proportionnels aux bénéfices qu’ils ont tirés des activités émettrices passées et présentes.
Pour ses défenseurs, l’avantage majeur de ce principe est de rétablir le lien entre responsabilité morale et responsabilité causale. Il ne se contente pas de dire : « vous devez payer parce que vous être plus riches que les autres », mais « vous devez payer parce que vous bénéficiez de richesses injustement accumulées aux dépens de la stabilité climatique ». Ceci trouve sa justification dans l’idée qu’il est injuste de profiter d’une injustice (Page 2012). Autrement dit, c’est une condamnation du free-riding des États qui ont tiré ou tirent encore de nombreux bénéfices en externalisant les coûts du changement climatique vers le reste du monde et les générations futures (Gosseries 2003).
On peut toutefois adresser un certain nombre de critiques au principe du bénéficiaire-payeur. Tout d’abord, on peut arguer que les générations présentes n’ont pas consenti à hériter des bénéfices des émissions passées et des responsabilités afférentes. Ensuite, on peut considérer que ce principe ne prend pas suffisamment en compte les capacités des États dans l’attribution de la responsabilité morale : en effet, il n’inclut pas de garantie formelle que les bénéfices tirés des émissions passées soient suffisants pour supporter les coûts des politiques climatiques (Gosseries 2003). Enfin, le principe du bénéficiaire-payeur est exposé au problème de la non-identité (voir section 1) : on ne pourrait pas considérer les individus comme bénéficiaires des activités émettrices de GES passées si, en l’absence de ces activités, ils n’auraient pas vu le jour (Caney 2006, 475). Pour faire face à cette difficulté, les défenseurs du principe du bénéficiaire-payeur doivent rejeter l’individualisme moral au profit d’une forme de collectivisme : seuls les États en tant qu’agents collectifs auraient une identité suffisamment stable dans le temps pour être considérés comme bénéficiaires des activités passées (Page 2006, 156; [1999] 2023, 187‑98).
Les approches hybrides
Les principes exposés ci-devant permettent ainsi de différencier les degrés respectifs de responsabilité morale des différents États dans la lutte contre le changement climatique. Malgré les désaccords sur le meilleur principe à adopter pour déterminer la façon la plus équitable de répartir les efforts de lutte contre le changement climatique, il existe de fait une certaine convergence des conclusions pratiques générales tirées par les différents auteurs : une responsabilité prépondérante revient aux pays riches d’industrialisation ancienne (Gardiner 2004, 579; Shue 2015, 26; [1999] 2023, 168). Toutefois, dans le détail, l’application des principes peut donner des conclusions divergentes. Par exemple, dans le cas de pays pauvres mais fortement émetteurs comme dans celui des pays riches mais faiblement émetteurs, le principe du pollueur-payeur et le principe de la capacité à payer aboutissent à des résultats différents.
Dans une recherche d’équilibre et de conformité au droit international, on peut voir dans la combinaison des trois principes une interprétation de la notion des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives (Page 2008, 557; Moellendorf 2009, 255; Baer 2013, 62; Bourban 2018, 101‑27). Ces différents principes peuvent par ailleurs servir à concevoir un indice de justice climatique servant à mesurer les différents degrés de responsabilité et de capacité des États (Dellink et al. 2009; Müller, Höhne, et Ellermann 2009; Baer et al. 2010; Baer 2013; Holz, Kartha, et Athanasiou 2018).
La justice climatique dans un monde non idéal
Malgré la forte plausibilité de certains de ces nombreux principes de justice climatique, force est de constater que les principaux titulaires des devoirs qui en découlent ne s’y conforment pas. En matière d’atténuation, la méthode « ascendante » (bottom-up) inscrite dans l’Accord de Paris, qui impose aux États de soumettre périodiquement leurs contributions déterminées au niveau national, s’est jusqu’à présent révélée insuffisante pour s’orienter vers l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2 °C tout en poursuivant l’action menée pour le limiter à 1,5°C (Nations Unies 2015, art. 2), tant du point de vue des engagements des États que de leurs trajectoires réelles d’émissions de GES (Boehm et al. 2022). De la même manière, les politiques menées par les États tant en matière d’aide à l’adaptation que de remédiation des pertes et dommages climatiques sont insuffisantes (Puig et al. 2016; Neufeldt et Dale 2021). En effet, s’il existe des fonds dédiés mis en place par plusieurs Conférences des parties (COP) dans le cadre de la CCNUCC – à partir de la COP 7 pour l’adaptation (Gemenne 2021) et de la COP 27 pour les pertes et dommages (Chandrasekhar et al. 2022) –, ces fonds demeurent insuffisamment provisionnés (pour le financement de l'adaptation, voir en particulier Weikmans et al. 2017; Carty et Le Comte 2018).
Du point de vue de la justice climatique, le monde est donc bien loin des idéaux défendus par les philosophes (Heyward et Roser 2016; Bourban 2018, chap. 4). Ce monde non idéal se caractérise essentiellement par l’« obéissance partielle » (partial compliance) (Rawls 2009, chap. 2) des États aux devoirs de justice climatique. Si le monde réel se caractérise bien entendu par d’autres types d’injustice, il existe néanmoins des facteurs propres au problème climatique qui, combinés entre eux, constituent autant de circonstances défavorables à la réalisation de la justice et d’obstacles à une politique climatique efficace (Jamieson 2014, chap. 3; Maltais 2016). Cette section vise, premièrement, à présenter certains de ces facteurs essentiels, et deuxièmement, à en questionner les implications normatives en matière de responsabilité climatique. Nous nous tournerons alors vers les acteurs non étatiques auxquels pourrait échoir quelque responsabilité climatique.
Le changement climatique : un problème inextricable ?
Si l’attentisme des États peut bien sûr s’expliquer en partie par des causes prochaines ordinaires – manque de volonté politique, intérêts conflictuels, corruption, etc. –, certaines caractéristiques structurelles du problème climatique permettent d’identifier des causes plus profondes qui en font un problème d’une nature singulière.
On peut regrouper les caractéristiques essentielles du problème climatique qui nous intéressent ici sous trois catégories : la causalité physique du changement climatique, les institutions et structures qui en constituent le contexte social, économique et politique, et le profil des responsables et des victimes passées et potentielles.
Premièrement, comme nous l’avons déjà vu ci-dessus (voir section 1), le changement climatique se caractérise par une dispersion à la fois spatiale et temporelle de ses causes et de ses effets (Gardiner [2006] 2023). En effet, il est non seulement le résultat de l’accumulation des GES émis n’importe où sur Terre, mais ses effets sont également mondiaux – quoique répartis de manière inégale. C’est ainsi la planète entière qui se réchauffe, indépendamment des origines géographiques des émissions. La dispersion temporelle des causes et des effets signifie, quant à elle, que les effets néfastes des émissions de GES sont différés et persistent dans le temps. Les GES commencent en effet à avoir des effets plusieurs décennies après avoir été émis, effets qui dureront des centaines, voire des milliers d’années.
Deuxièmement, les structures sociales, économiques et techniques existantes reposent très largement sur les combustibles fossiles (Lahikainen 2018). Tarir durablement les sources des émissions de GES passe donc par une modification de ces structures. Cependant, les institutions politiques existantes ne sont pas conçues pour faire face à ce problème mondial et intergénérationnel (Gardiner [2006] 2023) en raison de leurs caractères essentiellement national (Lazarus 2008; Levin et al. 2009) et court-termiste (González-Ricoy et Gosseries 2016).
Troisièmement, les acteurs impliqués sont innombrables et les types d’acteurs multiples (Gardiner [2006] 2023; Maltais 2016), et les responsabilités et les vulnérabilités inégalement réparties. En particulier, tant au plan mondial qu’intergénérationnel, les pays et individus les plus responsables causalement du changement climatique sont généralement les moins vulnérables à ce dernier et, bien qu’en outre les plus capables de lutter contre lui, ont par conséquent le moins d’intérêt à le faire (Lazarus 2008).
Cet ensemble de caractéristiques fait du changement climatique un problème moral et politique d’une extrême complexité. Il met à mal à la fois la capacité d’action et la motivation morale des acteurs. Premièrement, en effet, dans la mesure où la lutte contre le changement climatique implique une coopération entre une grande partie des acteurs en jeu, pris individuellement lesdits acteurs ont une capacité d’action limitée. Les résultats des actions entreprises dépendent effectivement largement de la coopération des autres acteurs. Deuxièmement, la structure même du problème climatique tend à miner la motivation morale des acteurs à coopérer (Peeters et al. 2015; Corvino 2021; Gardiner [2006] 2023), pour au moins trois raisons. La première est la dilution de la responsabilité entre les multiples acteurs en jeu (van de Poel et al. 2012; Cullity 2015), et ainsi la dilution du sentiment de responsabilité (Peeters, Diependaele, et Sterckx 2019). La deuxième raison est qu’un grand nombre d’acteurs ne voient pas d’intérêt à coopérer dans le sens de la lutte contre le problème climatique. En effet, comme nous l’avons vu, tous ceux qui profitent des émissions de GES à court terme externalisent aux niveaux mondial et intergénérationnel les coûts de leurs activités (Shue 2022). La troisième raison réside dans la corruption morale (Gardiner [2006] 2023) ou le désengagement moral (Peeters, Diependaele, et Sterckx 2019) qui règne en matière climatique, qui pousse les acteurs les plus responsables à s’engager dans des discours moraux (auto-)illusoires de minimisation du problème climatique et/ou de leur propre responsabilité morale climatique (voir par exemple Oreskes et Conway 2019).
Les conditions non idéales dans lesquelles la justice climatique doit conduire à un monde plus juste nécessitent alors d’adopter une perspective « multiscalaire » (Barrett 2012; André 2019) ou « polycentrique » (Ostrom 2010; 2014), selon laquelle diverses échelles de responsabilités complémentaires et non exclusives doivent être envisagées : internationale, nationale, locale, etc. Dans les conditions non idéales actuelles, on peut également se demander si des acteurs non étatiques, comme les entreprises ou les individus, ont des responsabilités d’action même en l’absence de politiques étatiques efficaces ou ambitieuses. Il convient ici de distinguer entre deux types de responsabilité climatique prospective : une responsabilité « de premier ordre » et une responsabilité « de second ordre » (Caney 2014). La première renvoie à ce que certains agents ont le devoir de faire pour lutter contre le changement climatique et ses effets néfastes. La seconde renvoie à ce que certains agents ont le devoir de faire pour s’assurer que les agents qui ont une responsabilité de premier ordre s’y conforment. C’est pourquoi les conditions non idéales appellent deux questionnements distincts, l’un relatif aux responsabilités de premier ordre des acteurs non étatiques, l’autre relatif à leurs responsabilités de second ordre.
Les responsabilités climatiques de premier ordre dans un monde non idéal
Comme pour tous les autres domaines de la justice, les États sont couramment considérés comme les « premiers agents de justice » (O’Neill 2001), en vertu de leur légitimité politique supposée et de leur capacité à réguler les émissions de GES et les changements d’affectation des sols dans leurs juridictions respectives. À cela s’ajoute leur capacité à négocier des accords internationaux, cruciale face à un problème mondial comme le changement climatique. Mais qu’en est-il en cas de défaillance – relative ou absolue – des États en ces domaines ?
Nous nous intéressons dans cette section exclusivement à l’atténuation du changement climatique. S’agissant de l’aide à l’adaptation et de la remédiation des pertes et dommages climatiques, il existe en effet très peu de littérature philosophique sur les responsabilités climatiques des autres acteurs non étatiques. En matière d’atténuation, si l’on fait abstraction du pôle régulateur représenté par les États et les institutions internationales, les chaînes de valeur des activités économiques à l’origine des GES se caractérisent principalement par deux pôles : celui des producteurs et celui des consommateurs. La question de la responsabilité climatique de premier ordre en matière d’atténuation dans un monde non idéal est donc la suivante : les producteurs et les consommateurs ont-ils le devoir de réduire leurs activités émettrices en l’absence d’un cadre institutionnel et légal les incitant ou les contraignant à le faire ?
Les producteurs
Tout d’abord, tournons-nous vers le premier pôle des chaînes de valeur, à savoir les producteurs à l’origine de biens et de services dont la production, la distribution et la consommation émettent des GES. Il s’agit d’entreprises, privées ou publiques, cotées en bourse ou non, intervenant aux différentes étapes des chaînes de valeur. Ici, de la même manière qu’entre les pays et entre les individus, il existe de grandes inégalités de contribution aux émissions mondiales de GES. La littérature philosophique s’est surtout intéressée à la responsabilité climatique – causale et morale – des très grandes entreprises, souvent transnationales, et plus spécifiquement à celles qui extraient, raffinent et vendent les combustibles fossiles ou produisent du ciment, en raison des émissions historiques et présentes importantes qu’on peut leur imputer (Moss 2020) – les « carbon majors ».
Pour commencer, leur contribution plus ou moins directe au changement climatique est évidente : selon une estimation, pas moins de 63 % des émissions de dioxyde de carbone et de méthane industriels mondiales entre 1854 et 2010 sont issues des activités productives et de la consommation des produits de seulement 90 entreprises productrices de combustibles fossiles et de ciment (Heede 2014). En vertu d’une application du principe du pollueur-payeur aux entreprises (Arnold et Bustos 2005), on peut donc penser que leur responsabilité climatique prospective première est de réduire, puis cesser ces activités néfastes (Frumhoff, Heede, et Oreskes 2015; Collins 2020; Grasso et Vladimirova 2020).
Ensuite, on peut considérer que les responsabilités climatiques prospectives des entreprises ne sont pas uniquement négatives, notamment en vertu du principe de capacité d’intervention (Jamieson 2015b). Certaines entreprises ont en effet des capacités financières et technologiques qui leur permettraient d’investir massivement dans la décarbonation de l’économie, en particulier dans les énergies renouvelables et le captage et le stockage du carbone. Elles devraient donc le faire, même en l’absence de contrainte ou d’incitations étatiques.
L’assignation de responsabilités climatiques d’atténuation aux entreprises dans un monde non idéal rencontre cependant des obstacles. Le premier est normatif : les entreprises peuvent-elles véritablement être considérées comme des agents moraux, auxquels on pourrait assigner des responsabilités morales – et pas seulement légales ? On pourrait en effet penser que, pour assurer une allocation optimale des ressources par le marché, la seule responsabilité des entreprises privées devrait être de maximiser les profits dans le respect de la loi et des normes éthiques ordinaires (Friedman [1970] 2007). Toutefois, même dans cette perspective, on peut considérer que, quand il y a des « défaillances de marché », les entreprises ont une obligation morale de ne pas en profiter (Heath 2014). Or, c’est justement le cas du changement climatique dans la mesure où les entreprises externalisent largement le coût social des émissions de GES (Stern 2008, 1). Le deuxième obstacle est davantage pragmatique, et traduit le scepticisme de certains face aux motivations des entreprises privées : quand bien même on leur assignerait des responsabilités morales, peut-on raisonnablement attendre qu’elles les honorent en prenant en considération l’intérêt général ? C’est ce qui fait dire à un auteur que le changement climatique n’est, en réalité, que le résultat « normal » des structures productives capitalistes (Lahikainen 2018).
Les consommateurs
Cependant, au-delà des entreprises, les consommateurs n’ont-ils pas eux aussi une part de responsabilité à assumer face au changement climatique ? On peut penser que tous les acteurs des chaînes de valeur économiques portent une responsabilité causale dans les émissions de GES de ces dernières. En particulier, les consommateurs pourraient être jugés responsables de la persistance d’une offre de biens et de services dont la production ou la consommation est émettrice de GES (Eriksson 2019). On pourrait donc supposer que les consommateurs ont le devoir, dans les limites de leurs capacités, de tarir la demande de tels biens et services, par exemple en devenant végétariens ou véganes, en réduisant leur usage de la voiture individuelle ou en souscrivant une offre de fourniture d’électricité d’origine renouvelable (Wynes et Nicholas 2017).
Nous nous concentrons ici sur les consommateurs individuels, nous rattachant ainsi à un vaste sous-champ de l’éthique climatique (Fragnière 2016). L’essentiel des philosophes s’accordent sur l’existence d’une responsabilité collective d’atténuation du changement climatique (voir section 1) et sur un devoir des individus en tant que citoyens de soutenir des politiques climatiques justes et efficaces. Cependant, comme nous l’avons vu, dans notre monde non idéal ces politiques climatiques sont insuffisantes. Une question centrale de l’éthique climatique dite individuelle est donc de savoir si les individus ont le devoir de réduire leurs émissions de GES unilatéralement, en l’absence de coordination politique adéquate.
Plusieurs objections ont été opposées à cette idée. Nous nous limitons ici aux deux principales, et aux principaux arguments qui ont été avancés pour les contrer.
Une première objection courante est l’impuissance causale supposée des individus à éviter des torts climatiques (Johnson 2003; Sinnott-Armstrong 2005; Sandberg 2011; Maltais 2013; Kingston et Sinnott-Armstrong 2018). En effet, les comportements individuels émetteurs de GES semblent être, du point de vue des dommages climatiques, soit causalement inefficaces, soit causalement surdéterminés, soit producteurs d’effets indéterminés (Hale 2020). Dans le premier cas, les effets des émissions individuelles de GES seraient trop faibles pour être moralement significatifs. Dans le second cas, les émissions individuelles de GES ne seraient pas même nécessaires pour causer des dommages climatiques, étant donné l’ampleur de l’empreinte carbone collective et des effets de substitution importants dans une économie de marché. Dans le troisième cas, il serait tout simplement impossible d’anticiper les effets – bons ou mauvais – des comportements individuels producteurs d’émissions individuelles de GES, étant donné la complexité des structures sociales et économiques dans lesquelles ils s’inscrivent.
Contre une telle objection, tout d’abord, certains auteurs affirment que les émissions individuelles d’une vie entière causent – de façon réelle ou attendue – des nuisances moralement significatives (Hiller 2011; Broome 2012; Schwenkenbecher 2014; Lawford-Smith 2016; Pellegrino 2018; Eriksson 2019; Burri 2020). Selon certaines estimations, sans politiques climatiques efficaces les émissions de GES d’un Américain moyen tout au long de sa vie causeraient les graves souffrances et/ou la mort d’une à deux personnes à venir (Nolt 2011) ou raccourciraient chaque vie humaine de six ou sept ans au cours de ces prochains siècles (Broome 2021).
Une autre réponse à l’objection de l’impuissance causale invoque un principe d’universalisabilité des maximes des actions des individus, par exemple sur un mode kantien (Garvey [2008] 2010; Rentmeester 2010; Wallace 2021). L’idée générale est que ce qui doit guider l’action des individus n’est pas directement les conséquences prévisibles de leurs actions, mais bien plutôt l’idée que les maximes de ces dernières doivent pouvoir être universalisées, c’est-à-dire adoptées par tout le monde sans contradiction. De cette manière, ce que l’individu est moralement tenu de faire ne dépendrait en aucun cas de ce que les autres font.
Enfin, une dernière réponse à l’objection de l’impuissance causale invoque les vertus. De façon analogue à l’argument invoquant des principes d’universalisabilité, un tel argument ne repose pas directement sur les conséquences attendues de l’action ou omission, mais sur une disposition individuelle à se comporter conformément à ce que requiert un comportement vertueux. Différents types de vertu ont été convoqués, au premier rang desquels l’intégrité morale (Lichtenberg 2010; Hourdequin [2010] 2023; Hedberg 2018; Von Allmen 2023). Celle-ci requerrait de conformer son comportement individuel avec ce qu’il conviendrait de faire collectivement, et donc de contribuer à la réduction des émissions de GES. D’autres vertus ont également été invoquées, tantôt classiques, comme la tempérance ou l’humilité, tantôt nouvelles, comme la sobriété (notamment énergétique), le respect de la nature ou la mindfulness (Jamieson 2007; 2015a; Sandler 2010; Thompson 2012; Pelluchon 2017; Bourban 2022).
La deuxième objection à l’idée de responsabilité climatique individuelle oppose que, en l’absence de coordination collective, requérir des individus qu’ils réduisent significativement leurs émissions de GES serait injuste, dans la mesure où les autres ne consentent pas l’effort que l’individu est appelé à consentir lui-même. Cela pourrait sembler moralement trop exigeant (Meyer et Sanklecha 2011), soit en raison des sacrifices qu’une telle réduction représente dans l’absolu, soit en raison du rapport entre le gain moral attendu d’une telle réduction et les coûts pour l’individu, en particulier dans le contexte non idéal que nous avons décrit ci-devant.
Une réponse à cette objection peut précisément invoquer le principe d’équité, qui pourrait être appliqué indépendamment de ce que les autres font ou s’abstiennent de faire (Baatz 2014; Moss et Umbers 2020). Comme nous l’avons vu dans la section précédente, selon une certaine approche de la justice climatique le budget carbone doit être partagé équitablement. On peut penser que cette répartition devrait également se faire à l’échelle des individus. Chaque individu ne devrait alors pas excéder sa juste part du budget carbone, indépendamment de savoir si les autres excèdent la leur ou pas. Certains vont même jusqu’à se demander si, dans le cas où les autres ne font pas leur juste part, les individus disposés à faire la leur auraient le devoir d’en faire encore davantage en compensation (Miller 2011; Karnein 2014).
Vers des responsabilités climatiques de second ordre
Toutefois, même si l’on pense que reconnaître les responsabilités climatiques de premier ordre dans un monde non idéal est nécessaire, cela demeure insuffisant. Cela serait nécessaire, étant donné l’urgence de la situation climatique (Shue 2022), car ces responsabilités permettraient de pallier partiellement les insuffisances des États et de limiter la gravité des dommages climatiques. Cependant, cela est insuffisant pour au moins deux raisons. Premièrement, même si tous les acteurs que nous avons mentionnés se conformaient strictement à leurs responsabilités climatiques respectives en l’absence d’actions étatiques ambitieuses, cela demeurerait insuffisant pour traiter correctement le problème climatique. En effet, les obstacles structurels évoqués empêchent les acteurs non étatiques de limiter substantiellement le changement climatique sans requérir d’eux des efforts déraisonnables, et les États eux-mêmes ont des empreintes carbone non négligeables (Heede 2014). Deuxièmement, quand bien même toutes les responsabilités de premier ordre évoquées ici seraient moralement solidement fondées, il existe un problème de motivation morale qui ne touche pas que les États, mais également tous les autres acteurs, et s’aggrave en l’absence de coordination. La responsabilité de premier ordre doit donc être complétée par une responsabilité de second ordre (Caney 2014).
Les responsabilités climatiques de second ordre dans un monde non idéal
Une responsabilité de second ordre est la responsabilité de s’assurer que d’autres agents honorent leurs propres responsabilités. En matière climatique, on peut en concevoir deux types. Le premier consiste à exercer une influence sur les États en tant qu’ils possèdent la légitimité et la capacité de réguler les activités émettrices de GES. La deuxième consiste à exercer une influence directement sur les émetteurs pour qu’ils se conforment à leurs responsabilités climatiques de premier ordre.
Exercer une influence sur les États
Dans la mesure où les États ont la plus grande capacité et légitimité supposée de mettre en œuvre des politiques climatiques efficaces, la littérature s’est concentrée sur le devoir de certains acteurs d’essayer d’infléchir leurs politiques. On peut concevoir plusieurs types d’acteurs auxquels pourraient échoir une telle responsabilité climatique de second ordre.
On peut tout d’abord à nouveau penser aux individus (Fragnière 2016, 807‑9). En effet, ces derniers ne sont pas que des consommateurs, mais également des citoyens au nom desquels, du moins dans les pays démocratiques, les politiques publiques sont menées. La promotion de politiques climatiques justes et efficaces peut donc être considérée comme une responsabilité essentielle des citoyens (Cripps 2013, chap. 6; Garcia-Gibson 2023), en particulier de ceux appartenant à l’« élite globale » (Cripps 2020), en raison de leur plus grande capacité d’influence. Le répertoire d’actions promouvant la justice climatique est cependant très vaste, plus ou moins légitimes selon la théorie politique adoptée, et le choix des moyens dépend du contexte social et politique des citoyens. Ils vont de la participation démocratique (Maltais 2013) au sabotage (Malm 2020), en passant par des formes plus ou moins traditionnelles, légales ou illégales, d’activisme politique, comme le militantisme partisan ou la désobéissance civile (Bourg, Demay, et Favre 2021; Capstick et al. 2022) ou incivile (Delmas 2022). De façon générale, la promotion de politiques climatiques passe par la participation à des formes d’action collective plus ou moins organisées (Booth 2012; Cripps 2020; Björnsson 2021). Les associations et organisations non-gouvernementales, en particulier, jouent bien souvent le rôle de vigies morales, en évaluant les politiques publiques, documentant les défaillances des gouvernements et plaidant pour la mise en œuvre de mesures justes. La promotion de politiques climatiques justes et efficaces peut aussi prendre des formes indirectes telles que la promotion de réformes institutionnelles ayant pour but de modifier les processus de prise de décision collective dans le sens de l’intérêt général.
Ensuite, les organisations et institutions internationales ont certes des capacités limitées si les États ne sont pas motivés à agir. Elles définissent cependant les cadres juridiques de la mondialisation et donc de la coopération internationale, en particulier en matière de commerce par le biais de l’OMC, qui peuvent être incompatibles avec une atténuation rapide, juste et efficace du changement climatique, et devraient donc être réformées (Bourban 2023). Elles jouissent en outre d’une autorité symbolique qui leur donne la responsabilité d’exhorter moralement les États à agir, comme le fait par exemple régulièrement le secrétaire général de l’ONU, avec une efficacité qui demeure certes limitée.
Enfin, on pourrait également attribuer une responsabilité de second ordre négative aux entreprises en raison de leur influence politique, parfois considérable (Oreskes et Conway 2019). Certaines d’entre elles, en particulier les producteurs d’hydrocarbures, ont exercé ou exercent d’intenses pressions pour influencer les prises de décision politiques dans le sens de leurs intérêts (Arnold 2016). De ce point de vue, ces entreprises auraient le devoir de cesser toute activité d’obstruction aux politiques climatiques.
Exercer une influence sur les émetteurs
Le deuxième moyen d’honorer sa responsabilité climatique de second ordre est d’essayer d’exercer une influence directe sur les émetteurs. Qui pourrait être responsable de le faire, à l’endroit de quels émetteurs, et par quels moyens ?
Premièrement, les gouvernements locaux – tels que les villes ou les régions –, bien que dépendant en partie des moyens octroyés par l’État central, ont généralement une certaine marge de manœuvre en matière de régulation des activités émettrices, mais également d’investissements dans des infrastructures moins carbonées et d’incitations à changer de modes de vie – par exemple, en matière de modes de transport ou de chauffage. A ce titre, ils pourraient avoir le devoir de les mettre en œuvre (Umbers 2020; Umbers et Moss 2020).
Deuxièmement, en plus de réduire leurs propres émissions de GES dans le cadre d’une responsabilité de premier ordre, il se pourrait que les individus aient le devoir de le faire dans le cadre d’une responsabilité de second ordre – par le moyen du boycott, par exemple –, à la fois pour exercer une influence sociale sur les autres individus émetteurs en influençant les normes sociales et pour envoyer un signal politique aux dirigeants sur leur disposition à soutenir des politiques climatiques ambitieuses (Collins 2023).
Troisièmement, avoir recours à la voie judiciaire à l’encontre des États ou des entreprises (Ganguly, Setzer, et Heyvaert 2018) pour rendre la justice climatique et promouvoir des politiques climatiques justes et efficaces pourrait également relever d’une responsabilité de second ordre de certains acteurs – associations, ONG, voire individus (Torre-Schaub 2020; 2021). Le contentieux climatique est en effet une voie de plus en plus explorée par les activistes (Huglo 2018; Cournil et Varison 2018; Cournil 2021; Traïni 2022).
Quatrièmement, les investisseurs pourraient avoir une responsabilité de désinvestissement de leurs actifs des activités économiques émettrices (Godoy 2017; Lenferna 2018; Charléty 2020). Sont concernés les entreprises, les institutions publiques et les particuliers qui placent leur argent, mais également les institutions financières qui le gèrent, comme les banques et les fonds d’investissement. Ainsi, un large mouvement de désinvestissement a vu le jour dans les années 2010, bien qu’ayant eu un effet relativement faible sur les bénéfices de l’industrie des combustibles fossiles (Hansen et Pollin 2022).
Cinquièmement, la façon dont le public a accès aux informations relatives au changement climatique et à la définition et conceptualisation du problème moral et politique qu’il constitue ne sont pas sans effet sur son acceptation des politiques climatiques et sur sa volonté de modifier ses propres pratiques de consommation. Ainsi, tous les acteurs amenés à communiquer sur le changement climatique – médias, chercheurs, responsables politiques – sont susceptibles de porter la responsabilité de second ordre d’aider le public à développer les bonnes intuitions et émotions morales à propos du changement climatique tout en valorisant le sentiment d’agentivité (Markowitz et Shariff 2012; McKinnon 2014; Guenther 2020).
Sixièmement, de façon plus controversée, certains promeuvent l’action directe pour influencer, dissuader, voire contraindre les émetteurs à réduire leurs émissions. Cela peut par exemple passer par le blocage de mines de charbon ou le sabotage d’oléoducs et de gazoducs pour essayer d’exercer une influence sur les entreprises, ou encore le dégonflage de pneus de véhicules utilitaires sportifs (SUVs) pour essayer d’exercer une influence sur les particuliers (Malm 2020; Le Dantec 2021; Arridge 2023).
Enfin, on pourrait également attribuer une responsabilité de second ordre négative aux entreprises en raison de leur influence sociale qui peut s’exercer sur les croyances et les désirs des citoyens et des consommateurs par le moyen de campagnes de désinformation sur le changement climatique (Oreskes et Conway 2019; Frumhoff, Heede, et Oreskes 2015; Eaton et Day 2020) ou de publicités trompeuses qu’on peut qualifier d’écoblanchiment (greenwashing) (Berlan, Carbou, et Teulières 2022). De ce point de vue, ces entreprises auraient le devoir de cesser toute activité de manipulation de l’opinion dans le sens de leurs seuls intérêts privés.
Conclusion
Dans cette entrée, nous avons exposé les principales questions éthiques, en particulier celles liées à la justice, soulevées par le changement climatique, ainsi que les principales réponses que l’on trouve dans la littérature spécialisée. Nous nous sommes en particulier intéressés aux questions suivantes : quel objectif de limitation du réchauffement planétaire la coordination internationale doit-elle viser ? Comment partager équitablement les droits d’émission de GES et, plus généralement, l’effort de lutte contre le changement climatique entre les États ? Quelles sont les responsabilités morales climatiques des acteurs non étatiques, tels que les individus et les entreprises ? Nous avons souligné les convergences et divergences entre diverses perspectives : welfariste ou fondée sur les droits humains, égalitariste ou suffisantiste, idéale ou non idéale. Ces diverses approches convergent largement quant à la nécessité de politiques climatiques efficaces, généralement bien plus ambitieuses que celles qui sont mises en œuvre actuellement à travers le monde, en particulier dans les pays riches. Toutefois, elles divergent parfois sensiblement dans les droits et devoirs spécifiques qu’elles attribuent aux différents États ainsi qu’aux acteurs non étatiques, appelant ainsi une clarification et une analyse critique des présupposés normatifs des politiques climatiques réelles ou possibles. De multiples acteurs collectifs et individuels ont des devoirs de justice climatique, mais la nature de ces devoirs ainsi que leur degré d’exigence varient en fonction de critères normatifs comme le degré de contribution au changement climatique, le degré de capacité financière ou technologique à mettre en œuvre des politiques climatiques, ou encore le degré de capacité à pousser d’autres acteurs à assumer leurs responsabilités morales.
Enfin, faute de place, certaines questions spécifiques ont toutefois dû être laissées de côté, telles que celles relatives aux approches non anthropocentrées (Palmer [2011] 2023; Brennan et Lo 2016; McShane [2016] 2023), à la démocratie (Bourg et Whiteside 2010; Mittiga 2022), à la démographie (Cafaro 2012; Hickey, Rieder, et Earl 2016; Cripps 2017; Greaves 2019; Bourban 2025), aux injustices climatiques intra-étatiques (Laurent 2009), ou encore à la géoingénierie solaire (Gardiner 2010; McKinnon 2019; Moellendorf 2022, chap. 7) et aux technologies de captage et de séquestration du carbone (Lenzi 2018; Shue 2022, chap. 4; Schübel 2023).
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