Ennemi (GP)

Comment citer ?

Errázuriz, José (2017), «Ennemi (GP)», dans Maxime Kristanek (dir.), l'Encyclopédie philosophique, consulté le ..., https://encyclo-philo.fr/ennemi

Publié en mars 2017

 

Résumé

Dans les sciences et la philosophie, le concept de l’ennemi n’est pas invoqué ‒ à une exception près ‒ comme un terme technique dont il y aurait une définition précise et consensuelle. Son usage devient pourtant abondant lorsque la discussion porte sur la dimension conflictuelle de la vie humaine, et cet usage suit généralement le sens que la conversation quotidienne attribue au terme. Cette circonstance invite à tenter un bref éclairage de ce concept, ne serait-ce que pour mettre en lumière les ambigüités qui touchent à son emploi et aux éclairages partiels dont il a fait l’objet. Cet article tentera donc de montrer brièvement quels sont les sens qu’on attribue à l’expression (I), et de décrire ensuite la manière dont le contenu de ce concept a été éclairci traditionnellement (II).

1. Que veut dire l’expression « ennemi » ?

a. L’expression « ennemi » référée à des entités non humaines

Ce mot se dit en plusieurs sens. Dans son usage habituel, le terme « ennemi » réfère à une situation de conflit entre deux ou plusieurs acteurs, c’est-à-dire à une forme spécifique de rapport entre les êtres humains. Or, l’expression « ennemi » peut aussi être employée pour parler de rapports d’opposition entre des animaux ou des organismes non humains (« le frelon est un ennemi naturel de l’abeille »), entre des êtres inertes (« l’eau et le feu sont ennemis ») ou entre des notions abstraites (« le mieux est l’ennemi du bien »). Nous nous arrêterons d’abord sur quelques usages du terme qui ne réfèrent pas immédiatement à l’ordre de rapports humains.

i. L’ennemi de Dieu

 Ennemi » est un terme recourant dans les livres sacrés des trois grandes religions monothéistes, à savoir le Coran, la Bible et la Torah. Dans les textes mentionnés, cette expression (AAaduww en arabe, oyev en hébreu, echthros en grecque et inimicus en latin) est avant tout employée pour désigner l’ennemi de Dieu. Or, l’ennemi de Dieu peut correspondre soit à une entité spirituelle (Satan), soit aux agents humains qui suivent la voie de cette entité spirituelle en s’opposant à la création et aux desseins divins (en s’opposant par exemple au peuple élu). Il convient de noter que le substantif arabique Šayṭān, l’hébraïque sāṭān et le grec Satanás proviennent d’une racine sémitique (śṭn) qui signifie celui qui s’oppose, qui obstrue, qui agit comme adversaire. Dans ce sens ‒ suggèrent les textes sacrés ‒, tout ce qui agit systématiquement contre Dieu (et qui est donc satanique) doit être traité en ennemi.

ii. L’inimitié comme force cosmologique

Dans leurs réflexions cosmologiques, certains penseurs grecs comme Héraclite, Empédocle et Plotin se sont servis des expressions « discorde », « hostilité » et « inimitié » (érin, neíkos, echthra) pour désigner un principe métaphysique qui interviendrait dans la génération et la corruption de tout être. Ces penseurs décrivent le principe en question comme une espèce de force moralement neutre qui met les éléments en mouvement, et qui conduit à leur dispersion ou à leur réunion. Dans certains cas ‒ comme celui d’Héraclite ‒, le principe d’inimitié apparait comme la seule force qui régit les évènements du cosmos, comme le principe du mouvement. Dans d’autres cas ‒ comme ceux d’Empédocle et de Plotin ‒, le principe d’inimitié est décrit comme une force partielle qui agit sur les éléments en interagissant avec un principe opposé, à savoir l’amitié ou l’amour (philía). Ici, l’inimitié apparait comme une force de dispersion ou de répulsion, tandis que l’amitié est présentée comme une force de réunion des éléments.

iii. L’ennemi biologique

Enfin, la réflexion et la recherche biologique concernant le monde animal se sont servies, dès leurs débuts, de la notion de l’ennemi et de l’inimitié pour décrire certains rapports entre les animaux d’une même espèce ou d’espèces différentes ; des rapports où il y va de la survie des spécimens ou de leur mort prématurée. Déjà Aristote parlait d’une guerre entre les animaux, affirmant qu’ils peuvent entretenir un rapport d’inimitié les uns envers les autres. Or, celui-ci n’est pas seulement un usage archaïque de l’expression en biologie. Dans L’origine des espèces, par exemple, Charles Darwin se sert du concept d’ennemi (enemy) pour caractériser l’organisme qui menace la survie d’un individu, non en tant que concurrent (competitor), mais en tant que prédateur ou parasite. Même s’il n’est pas évoqué comme un concept technique en biologie, l’expression « ennemi » continue aujourd’hui à être employée par les biologistes pour référer à certains rapports agressifs entre les organismes des espèces différentes ou entre des congénères.

b.  « Ennemi » comme catégorie de rapports humains

Occupons-nous maintenant de l’acception courante d’« ennemi » et d’« inimitié », c’est-à-dire de celle qui réfère à une forme spécifique de rapport interpersonnel. En général, on ne parle d’ennemis que lorsqu’on réfère à un conflit de haute intensité entre deux ou plusieurs acteurs. Mais qu’est-ce qu’un conflit et qu’est-ce que l’intensité d’un conflit ? Un conflit est, d’abord, un rapport interpersonnel où les actions de deux ou plusieurs agents se font obstacle, et où la tendance suivie par ces agents consiste à résister et à surmonter l’opposition de la partie adverse. Ensuite, comment peut-on mesurer l’intensité d’un conflit ? L’intensité d’un conflit est mesurée par la disposition des acteurs à sacrifier des biens et à suspendre des valeurs en vue d’une défaite de la partie adverse. Cette disposition des agents augmente ou diminue selon la gravité qu’ils attribuent aux enjeux associés au conflit en question. Ainsi, quand les enjeux d’un conflit sont relativement indifférents pour l’acteur, sa disposition à sacrifier des biens et à suspendre des valeurs pour vaincre la partie adverse diminue. Le conflit en question exhibera alors une faible intensité, et il y aura un point où les adversaires seront prêts à « laisser tomber l’affaire ». En général, les acteurs ne caractérisent leurs antagonistes comme des ennemis que lorsque le conflit avec eux exhibe une haute intensité. Cela veut dire qu’« ennemi » est une expression qui émerge lorsque l’enjeu du conflit est considéré par les acteurs comme quelque chose de sérieux, une valeur ou un bien « non négociable », « ce avec quoi on ne joue pas », pour ainsi dire. En raison de la gravité de sa menace, la défaite de la partie adverse équivaut dans ce contexte à un anéantissement de cette dernière (physique ou symbolique ‒ c.-à-d. moral, social, politique, juridique, etc.). Cela explique que la notion de l’ennemi soit associée souvent à la notion de la guerre, la guerre étant le conflit de haute intensité par excellence. Ainsi, les ennemis sont souvent décrits comme ceux qui se font la guerre.

i. La conception juridique de l’ennemi

La branche du Droit qui légifère sur la guerre ‒ l’une des seules disciplines qui font un usage technique de la notion d’ennemi ‒ s’en sert suivant le sens mentionné ci-dessus. Cette discipline définit donc l’ennemi comme l’État belligérant adverse et le ressortissant de l’État belligérant adverse (cf. Salmons et Guillaume 2001 ; Loets 2013). Le droit de la guerre aborde ainsi la notion qui nous occupe en essayant de préciser « les critères pour déterminer la condition [status] d’ennemi » (Loets 2013) compris comme l’adversaire dans la guerre. La formulation des critères clairs déterminant la condition d’ennemi offre des indications précises pour légiférer sur la guerre et pour sanctionner juridiquement des évènements ayant eu lieu dans le contexte de conflits armés.

Traditionnellement, les penseurs du droit international public distinguent entre l’ennemi privé ou personnel et l’ennemi public. L’un des pères du droit international public formule la distinction entre ces deux formes d’inimitié comme il suit : « L’Ennemi est celui avec qui on est en Guerre ouverte. Les Latins avaient un terme particulier (hostis) pour désigner un Ennemi public, et ils le distinguaient d’un ennemi particulier (inimicus). Notre langue n’a qu’un même terme pour ces deux ordres de personnes, qui cependant doivent être soigneusement distinguées. L’ennemi particulier est une personne qui cherche notre mal, qui y prend plaisir ; l’Ennemi public forme des prétentions contre nous, ou se refuse aux nôtres, et soutient ses droits, vrais ou prétendus, par la force des armes. Le premier n’est jamais innocent ; il nourrit dans son cœur l’animosité et la haine. Il est possible que l’Ennemi public ne soit point animé de ces odieux sentiments, qu’ils ne désirent point notre mal, et qu’il cherche seulement à soutenir ses droits » (Vattel 1758, pp. 525-6 ; cf. Schmitt 1972, p. 69).

Au XXe siècle, le juriste allemand Carl Schmitt propose une modification à la conception juridique classique de l’ennemi ‒ proposition qui demeure un objet de discussion parmi les spécialistes. Schmitt maintient la distinction entre l’ennemi privé et l’ennemi public (qu’il appelle « politique »), mais il ajoute que l’ennemi d’une communauté n’est pas seulement le groupe qui s’oppose actuellement à cette dernière dans le contexte d’un conflit armé. L’ennemi d’une communauté donnée serait aussi tout groupe dont la conduite est identifiée par cette communauté comme une menace grave pour son existence. Or, la menace en question ne doit pas appartenir immédiatement ‒ affirme Schmitt ‒ à l’ordre des actions militaires : il suffit qu’elle annonce, avec vraisemblance, la possibilité d’un conflit armé avec le groupe menaçant pour que ce dernier soit identifié comme ennemi : « La guerre s’ensuit de l’inimitié, celle-ci étant la négation existentielle d’un autre être. La guerre n’est que l’actualisation [Realisierung] ultime de l’inimitié » (Schmitt 1972, pp. 72-3). L’identification d’un ennemi suppose ainsi que la communauté qui l’identifie commence à s’apprêter à faire la guerre avec lui comme dernier recours pour préserver son existence. Schmitt défend enfin l’idée selon laquelle la décision quant à qui est un ennemi et qui ne l’est pas appartient aux prérogatives de la plus haute autorité de chaque communauté (le souverain).

Or, quelle que soit sa variante, la définition de l’ennemi offerte par le droit international public nous invite à réserver le mot pour désigner les membres d’un conflit de haute intensité, où les parties ne sont ni des individus, ni de petits groupes, mais de grandes unités politiques. L’Ennemi public est ainsi présenté comme le seul et véritable ennemi. Il est le seul à entrer en ligne de compte dans la réflexion sur la guerre, car l’Ennemi public est celui qui menace l’existence de la communauté et qui doit donc être combattu militairement (même si le criminel menace, dans un certain sens, l’existence de la communauté, il ne fait pas l’objet d’actions militaires, mais d’actions policières). D’un autre côté, l’ennemi privé apparait aux yeux du Droit comme un phénomène secondaire, car cet ennemi n’en serait un qu’à cause de simples antipathies ou d’autres basses passions qui déplacent parfois la raison comme directrice des rapports entre les individus. Dans cette ligne de pensée, les ennemis privés ne se font pas la guerre, mais tout au plus la guéguerre ; ils ne combattent pas, ils se bagarrent.

2. Pourquoi les êtres humains se tiennent-ils parfois pour ennemis ?

Les observations de la partie I précisent les contours de l’usage familier et de l’usage technique du terme ennemi, mais elles ne mentionnent pas encore la manière dont le phénomène désigné habituellement par l’expression a été éclairci. Occupons-nous de cette question.

Les éclairages de l’origine des conflits de haute intensité où les acteurs se tiennent mutuellement pour ennemis peuvent être divisés en deux catégories. D’un côté, certaines recherches attribuent l’origine des hostilités entre les hommes à l’action des forces qui les poussent à l’agressivité, et dont les acteurs du conflit sont soit inconscients, soit partiellement conscients. D’autre côté, on observe des théories qui expliquent l’origine des hostilités entre les hommes par les raisons (pouvant s’avérer bonnes ou mauvaises) que les acteurs suivent consciemment quand ils s’engagent et quand ils persévèrent dans un conflit de haute intensité. Précisons le sens de ces deux types d’explication.

a. Des forces extra-rationnelles poussent les êtres humains à l’inimitié

Certaines recherches ont essayé d’identifier le principe, la force, la pulsion qui mènerait parfois les acteurs à s’acharner dans des luttes apparemment insensées avec leurs congénères. Il y va de l’identification de certaines forces (évolutives, psychiques, cosmiques, etc.) qui interviendraient dans les conduites humaines d’hostilité. Par exemple, l’étude de la conduite animale, l’Éthologie, a essayé d’expliquer l’hostilité entre les hommes comme l’une des fonctions intervenant dans le processus évolutif des organismes : l’agression des animaux envers leurs congénères aurait en principe une fonction évolutive (à savoir la répartition équilibrée de l’espace, la sélection de l’individu plus fort pour la reproduction, et la sélection du spécimen combattif du clan) et elle répondrait au programme inscrit dans les gènes de certains animaux. Dans le contexte de la réflexion sur la psyché humaine, Sigmund Freud attribue l’hostilité entre les hommes à l’action d’une pulsion psychique qui mènerait les organismes vers l’état anorganique duquel ils proviennent : la pulsion de mort ou Thanatos, qui se partagerait la vie psychique des individus avec une pulsion opposée, l’Éros ou pulsion de vie. Selon Freud, la pulsion de mort se traduirait dans différentes formes d’agressivité de l’homme envers son congénère. Comme dernier exemple, la théorie de René Girard sur le Sacré attribue l’hostilité meurtrière à l’efficacité d’une pulsion mimétique ou d’imitation ; cette dernière conduirait d’abord les êtres humains à désirer inconsciemment tous la même chose, et à se battre ensuite pour l’obtention de la chose désirée lorsqu’elle ne se prête pas au partage. Cette lutte ‒ affirme Girard ‒ donne lieu tôt ou tard à un premier meurtre, lequel initie la spirale de la vengeance qui conduit à la guerre.

Indépendamment de leurs contenus respectifs, les éclairages de l’inimitié appartenant à cette catégorie affirment tous que les conflits de haute intensité sont l’effet d’une force qui pousse les acteurs à adopter une attitude hostile envers leurs congénères. Dans tous les cas, il s’agit des forces antérieures aux desseins des acteurs, des forces qui sont donc relativement indépendantes de la conscience de ces derniers. À proprement parler, les responsables de l’inimitié ne seraient pas les acteurs, mais quelque chose de plus ancien ou de plus profond que la volonté et la conscience de ceux qui se battent avec leurs congénères ‒ parfois jusqu’à la mort.

b. L’hostilité entre les hommes suit des raisons

La deuxième catégorie d’éclairages de l’inimitié se concentre sur les raisons que l’acteur suit consciemment au moment d’identifier son congénère comme un ennemi, et de s’engager dans un conflit de haute intensité. En laissant provisoirement de côté la question de savoir si ces raisons sont vraies ou fausses, ce genre d’explication se limite d’abord à constater que chaque partie tient ses propres raisons pour les bonnes et les justes ; elle adopte ainsi la perspective des acteurs dans le but de reconstruire la structure générale du raisonnement qui les motive à agir hostilement envers leurs congénères. Il s’agit d’identifier le type des valeurs que les acteurs considèrent être en jeu, l’asymétrie de perspectives qui peut intervenir dans l’interprétation du conflit, le type d’opacité qui affecte ‒ depuis la perspective des acteurs ‒ la figure de leur ennemi, la manière dont l’acteur tend à attribuer la méchanceté ou l’irrationalité à son ennemi, etc. Même si ce type d’analyse requiert l’adoption d’une perspective ancrée dans des circonstances concrètes, il aspire à déceler la logique générale du conflit. Il s’agit donc d’offrir des outils pour dévoiler les malentendus qui attisent très souvent les hostilités entre les hommes. Cette perspective d’analyse de l’inimitié est observable dans les travaux des sociologues comme Georg Simmel, Max Weber et Karl Mannheim, Julien Freund, des historiens comme Reinhart Koselleck, et des philosophes comme Hans Blumenberg.

3. Récapitulation

Lorsque l’expression « ennemi » est employée pour décrire le rapport d’opposition entre deux ou plusieurs entités non humaines, cet usage vise à souligner le caractère irréconciliable de ces entités, et à insinuer que lorsque ces dernières se rencontrent seulement l’une des deux peut prévaloir. Or, « ennemi » est généralement un statut que les acteurs attribuent à la partie adverse dans le contexte des conflits de haute intensité. La haute intensité caractérisant le conflit entre ennemis invite à associer le phénomène de l’inimitié à celui de la guerre. Qu’est-ce qui mène les acteurs à attribuer le statut d’ennemi à leurs adversaires ? Depuis la perspective de l’acteur, cette attribution est associée à la conviction que l’activité de la partie adverse est particulièrement dangereuse, c’est-à-dire qu’elle entraine une menace grave envers ce que l’acteur estime être une valeur ou un bien inviolable ; il s’agit chaque fois des valeurs ou des biens qui prédisposent les acteurs à arriver aux dernières conséquences lorsqu’il s’agit de leur défense. Or, depuis une perspective objectiviste, le rapport d’inimitié apparait comme le produit des forces (physiques, biologiques, psychiques) dont la dynamique dépasse les desseins conscients des acteurs ; il s’agit des forces qui conditionnent ces derniers à réagir violemment envers leurs congénères dans certaines situations déclenchantes.

Bibliographie

Textes cités:

Loets, A. (2013) « Enemies and Enemy Subjects », dans Max Planck Encyclopedia of Public International Law, ed. R. Wolfrum.

Salmon, J. ; Guillaume, G. (2001) « Ennemi », dans Dictionnaire de droit international public, Bruxelles : Bruylant.

Schmitt, C. (1972) La notion de politique. Trad. de l’allemand par Marie-Louise Steinhauser. Paris : Calmann-Lévy.

Vattel, E.d. (1758) Le droit des gens, ou principes de la loi naturelle, appliqués à la conduite & aux affaires des nations des souverains, vol. 2, Londres.

Lectures suggérées :

Blumenberg, Hans (2011) « Connaissance de soi et expérience de l’étranger », « Le risque de l'existence et la prévention » « Corps vécu et conscience de la réalité » « Variations de la visibilité », dans Description de l’homme. Trad. de l’allemand par Denis Trierweiler. Paris : Cerf.

Dans les chapitres suggérés, Blumenberg recherche les origines anthropologiques de l’inimitié entre les êtres humains. Sa réflexion est partiellement influencée par l’ouvrage de Schmitt que nous suggérons dans ce qui suit.

Schmitt, Carl (1972) La notion de politique. Trad. de l’allemand par Marie-Louise Steinhauser. Paris : Calmann-Lévy.

Il s’agit d’un ouvrage court se servant de la catégorie de l’ennemi comme critère pour définir la dimension politique de la vie humaine. En grande mesure, ce texte est le responsable de l’intérêt qui suscite la notion de l’ennemi depuis un certain nombre d’années.

Simmel, Georg (1999) « Le conflit », dans Sociologie. Études sur les formes de socialisation. Trad. de l’allemand par Lilyane Deroche-Gurcel. Paris : Presses Universitaires de France.

Ce chapitre offre une profonde réflexion sur la notion de conflit, à laquelle appartient la catégorie de l’ennemi. Les pages de Simmel permettent le lecteur de situer la figure de l’ennemi dans l’horizon général de la conflictualité humaine.

José A. Errázuriz

Université catholique de Louvain

jaerrazu@gmail.com